ARTE Regards

Les musiciens Sasha et Yehor (les noms ont été changés) se sont résolus à fuir. Étant donné que, depuis le début de la guerre, les hommes de 18 à 65 ans n’ont pas le droit de quitter le pays, ils sont dans l’illégalité. Après avoir exploré la frontière moldave durant des semaines, ils ont prévu de la franchir près d’Odessa, à la faveur de la nuit. Y parviendront-ils ? Sur leur route, ils risquent de croiser des gardes-frontières qui ont des chiens et des drones. L’un d’eux, Vadim, fait son devoir. Mais il comprend ceux qui cherchent à fuir et, le moment venu, il ne tirera pas pour les arrêter.

Yulia, 30 ans, n’a que mépris pour les déserteurs. Son époux, son frère et son père combattent à Avdiïvka. Ces deux dernières années, le mari de Yulia n’est rentré à la maison que deux fois, pour une durée de dix jours. Estimant que d’autres doivent combattre à leur tour, elle milite pour que les soldats soient démobilisés après 18 mois sur le front.

Vitaly Alexeienko refuse de tuer. Chrétien pratiquant, il ne veut pas violer le cinquième commandement et a demandé à effectuer un service civil. Mais le droit à l’objection de conscience a été suspendu au début du conflit. Refusant de se soumettre à l'ordre de mobilisation, Vitaly a été placé en détention durant trois mois. En décembre, il a été condamné à trois ans de prison avec sursis.

Yurii Sheliazhenko le soutient depuis Kyiv. Ce pacifiste milite pour que le droit à l’objection de conscience soit maintenu en temps de guerre, ce qui lui vaut le statut d’ennemi d’État. Après deux ans de conflit, la société ukrainienne est traversée par un dilemme : comment un pays peut-il se défendre sans entraver la liberté de ses citoyens ?