ARTE diffuse Sleepy Hollow – la légende du cavalier sans tête (Sleepy Hollow, 1999) de Tim Burton dimanche 3 décembre à 20h55.
Adaptant un récit extrêmement populaire aux États-Unis, véritable classique du patrimoine littéraire et culturel américain, peu connu en Europe avant la sortie du film (« La légende de Sleepy Hollow » de Washington Irvin, écrit en 1819-1820), Tim Burton retrouve son acteur fétiche Johnny Depp et assouvit son goût pour les univers fantastiques recréés de toutes pièces. En 1799, une communauté de la Nouvelle-Angleterre vit dans la terreur depuis que plusieurs de ses membres sont retrouvés décapités, et leurs têtes volées. Un jeune policier new-yorkais qui ne croît ni aux légendes ni aux fantômes mène l’enquête et tente d’apporter à ces mystérieux meurtres une explication rationnelle. Le film illustre le combat entre les lumières de la raison et les ténèbres des superstitions, et montre les balbutiements de la police scientifique, annonciateurs du monde moderne. Il raconte aussi comment la civilisation américaine fut fondée sur des exactions violentes.
Tim Burton signe un beau livre d’images. L’atmosphère visuelle est composée de citations du cinéma fantastique gothique de la Hammer et des films d’épouvante de Mario Bava. Il n’y a pas un plan dans Sleepy Hollow, ni même un acteur ou un décor qui ne porte l’empreinte fétichiste du cinéaste, cinéphile nostalgique du cinéma d’horreur des années 60. Pourtant Sleepy Hollow n’est pas le film d’un simple illustrateur. L’humour macabre ne sombre jamais dans la parodie et Burton parvient à maintenir l’équilibre entre le divertissement et la cruauté surprenante de certaines scènes. La caractérisation de l’enquêteur Ichabod Crane, interprété par son double à l’écran Johnny Depp, échappe aux conventions hollywoodiennes. Il est antihéroïque, névrosé, en proie à une peur panique à chaque apparition du cavalier sans tête. Sa recherche de la vérité, entravée par des certitudes pseudo scientifiques, lui permettra de guérir un traumatisme œdipien lui aussi lié au surnaturel et à la sorcellerie. La part secrète de l’enfance occupe une place importante dans l’œuvre de Burton et dans ce film en particulier. Avec son acolyte Johnny Depp, le réalisateur a mis en scène des hommes enfants inadaptés au monde terrifiant des adultes, qu’ils traversent comme dans un cauchemar éveillé.
Laisser un commentaire