Olivier Père

Personal Shopper de Olivier Assayas

Personal Shopper, le nouveau film d’Olivier Assayas, sort en salles mercredi 14 décembre (distribué par Les Films du Losange) après sa présentation au Festival de Cannes, où son réalisateur a remporté le prix de la mise en scène, partagé avec Cristian Mungiu.

Personal shopper est un film qui fait appel aux forces de l’inconscient, aussi bien dans sa conception que dans les thèmes qu’il aborde. La vitesse à laquelle Olivier Assayas nous avait habitué dans son style se retrouve aussi dans l’exécution, qui possède la fulgurance mais aussi la précision de l’esquisse, du trait orgueilleux jeté sur la feuille, la toile ou l’écran. Personal Shopper est un peu la face B de Sils Maria : plus resserré, plus sombre, plus vertigineux, Personal Shopper sous ses faux airs de thriller surnaturel est une nouvelle exploration de différents mondes disjoints. Assayas semble rechercher toujours plus d’hybridation, maître d’un mouvement interne capable d’intégrer des éléments disparates, triviaux, déconnectés dans une mise en scène à l’élégance époustouflante. L’électron libre qui assure le lien entre le luxe du milieu de la mode et le Paris de tous les jours s’appelle Maureen, jeune Américaine, conseillère de vente d’une célébrité qui n’a pas le temps de faire elle-même ses courses, trop occupée à être en représentation permanente sur les tapis rouges, les réseaux sociaux ou dans les médias. Un boulot particulièrement ingrat que Maureen subit comme une humiliation quotidienne, mais qui génère aussi en elle une forme de trouble identitaire. Suffisamment intelligente pour analyser le cynisme et l’hyper matérialisme de la mode et du luxe, elle peut aussi s’enivrer en cachette de la beauté des matières et des tissus qu’elle achemine vers sa patronne.

Maureen circule aussi entre d’autres mondes encore plus mystérieux : ceux des morts et des vivants, du visible et de l’invisible. Douée de dons médiumniques elle cherche à entrer en contact avec son frère jumeau décédé, porteur de la même malformation cardiaque qu’elle… Personal Shopper dresse le portrait d’une jeune femme moderne mêlée à une triple enquête. Celle de la recherche de son frère et celle d’un meurtre qui survient de manière totalement inattendue dans le récit. Mais c’est avant tout à la recherche d’elle-même qu’elle se lance, perdue dans un monde de faux-semblant et d’exploitation. Dans la lignée de Blow Up Olivier Assayas prend certains codes du thriller et du fantastique spirite comme prétexte pour établir des correspondances entre le cinéma, les autres arts (intrusions et surtout les autres images, triviales et dénuées de qualité, qui ont envahi nos vies. Grand film de mise en scène, grand film moral et politique, Personal Shopper fétichise son actrice principale, la géniale Kristen Stewart qui dévoile de nouvelles facettes de son talent dans le rôle de Maureen. Elle s’est visiblement emparée du personnage pour en faire une création personnelle. D’égérie elle devient sous nos yeux co-auteure du film, pour le plus grand plaisir de son cinéaste et des spectateurs, plongés dans l’intimité d’une jeune femme en même temps que dans les tourments de notre époque.

Kristen Stewart et Oliver Assayas © Bertrand Noël

Kristen Stewart et Oliver Assayas © Bertrand Noël

 

 

 

 

 

 

Catégories : Actualités · Coproductions

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *