Olivier Père

Superman de Richard Donner

Christopher Reeve dans Superman

Christopher Reeve dans Superman

ARTE diffuse Superman (1978) de Richard Donner dimanche 8 novembre à 20h45. Cette première superproduction adaptée des aventures d’un héros de bande dessinée est aussi la meilleure. Cette illustration spectaculaire d’une mythologie américaine, lorsque ce n’était pas encore la mode des blockbusters sur des justiciers déguisés dotés de pouvoirs surnaturels est née paradoxalement de la volonté de producteurs indépendants et européens, le Français Pierre Splengler et la dynastie des Salkind, Alexander et son fils Ilya, originaires de Russie. On peut d’ailleurs voir en Superman un nouveau Golem, et ce bon géant volant venu de l’espace a davantage à voir avec les légendes hébraïques que le culte aryen du surhomme. Coproduction anglo-américaine dont les scènes de studio furent tournées à Pinewood et Shepperton, Superman bénéficie du talent du directeur artistique John Barry connu pour les décors de Orange mécanique ou La Guerre des étoile et du grand directeur de la photographie Geoffrey Unsworth (2001, l’odyssée de l’espace) qui accomplit un travail exceptionnel. Le film contient des ambiances visuelles très différentes, de la pastorale américaine de l’adolescence de Clark Kent au repaire de Lex Luthor ou les bureaux du Daily Planet en passant par l’impressionnant prologue intersidéral situé sur la planète Krypton en voie de désintégration. On compte pas moins de trente assistants réalisateurs ou réalisateurs de seconde équipe pour mener à bien un tournage titanesque, parmi lesquels – non crédité – le vétéran André de Toth. La production, le tournage et le montage de Superman, émaillés de nombreux conflits entre Richard Donner et ses producteurs, sans compter les caprices financiers de Marlon Brando accouchent pourtant d’une réussite exceptionnelle. Le film revendique une forme de candeur et d’innocence qui disparaîtra des nombreuses adaptations de DC Comics ou Marvel à venir, sans parler des suites signées Richard Lester et Sidney J. Furie qui sombreront dans la parodie navrante ou le désastre industriel. Donner parvient à trouver l’équilibre hasardeux entre humour, ironie et émotion – pas facile quand il s’agit de filmer les exploits d’un grand type qui a enfilé son slip par dessus un collant. Sympathique jusque dans ses moments les plus kitsch, Superman de Richard Donner contient une grande variété de genres, et s’apparente souvent au film catastrophe, beaucoup plus populaire et champion du box office que la science-fiction dans les années 70, avec pléthore de vedettes dans des petits rôles et destructions de maquettes. Superman, c’est un souvenir d’enfance qui tient le coup malgré le poids des années, dont le charme opère toujours, y compris sur les nouvelles générations.

Marlon Brando dans Superman

Marlon Brando dans Superman

 

 

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