Olivier Père

Le Pigeon de Mario Monicelli

ARTE diffuse demain à 20h50 dans le cadre d’une soirée « comédies italiennes » Le Pigeon (I soliti ignoti, 1958) de Mario Monicelli, suivi à 22h30 d’un autre classique du genre, Divorce à l’italienne de Pietro Germi.

Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman et Carla Gravina dans Le Pigeon

Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman et Carla Gravina dans Le Pigeon

Cosimo se fait arrêter par la police alors qu’il tente de dérober une voiture. Pour sortir de prison plus rapidement, il demande à ses complices extérieurs de lui trouver un « pigeon », quelqu’un qui prendra sa place derrière les barreaux. C’est Pepe (Vittorio Gassman), boxeur minable mais grand baratineur, qui se présente au directeur de la prison pour clamer sa culpabilité; mais celui-ci décide de les coffrer tous les deux. Abusé par une ruse, Cosimo révèle à Pepe les détails de son prochain coup, infaillible, qu’il se réserve pour sa sortie. Mais Pepe sort plus tôt que prévu et organise le casse avec les complices de Cosimo…

Vittorio Gassman et Totò dans Le Pigeon

Vittorio Gassman et Totò dans Le Pigeon

Le triomphe du Pigeon (1958) apporte une célébrité internationale à Mario Monicelli scénariste et metteur en scène très actif dès les années 30 et qui avait déjà cosigné avec son camarade Steno de nombreuses comédies souvent interprétées par le génial Totò. Le titre original du Pigeon, que l’on pourrait traduire par « les éternels inconnus » ou « les habituels laissés-pour-compte » explicite l’héritage du néo-réalisme dans son souci de filmer la réalité des classes populaires et de la misère du pays, mais avec un cynisme et une férocité propres à la culture italienne et à l’humour romain. Les protagonistes du Pigeon sont des ratés, constamment frappés par la malchance, mais leur énergie et leur appétit de vivre leur permettent de surmonter humiliations et échecs à répétition. Le Pigeon est un pastiche assumé du Rififi pour les hommes de Jules Dassin, transposé dans le sous-prolétariat de Rome : la préparation minutieuse d’un cambriolage par une équipe disparate, assortie de péripéties et imprévus cocasses, puis sa réalisation marquée par un coup de théâtre absurde. Le film, extrêmement bien écrit et interprété, avec des situations et des dialogues irrésistibles a la particularité de réunir plusieurs générations d’acteurs formidables. Le vétéran Totò, prince de la comédie napolitaine, y donne la réplique aux jeunes Mastroianni et Gassman – au bagout extraordinaire – qui ne sont pas encore des stars mais qui vont le devenir bientôt, et réapparaîtront régulièrement dans des comédies. La belle Claudia Cardinale y fait sa deuxième apparition à l’écran, après Goha de Jacques Baratier tourné la même année dans sa Tunisie natale. Ce classique à l’immense popularité permettra à Monicelli d’enchaîner plusieurs chefs-d’œuvre du cinéma italien dans les années 60 et 70. Le succès du Pigeon engendrera une multitude de copies, remakes, imitations ou suites plus ou moins officielles, lançant la mode de la fameuse « comédie à l’italienne. »

Renato Salvatori et Claudia Cardinale dans Le Pigeon

Renato Salvatori et Claudia Cardinale dans Le Pigeon

Catégories : Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *