Olivier Père

Les Forçats de la gloire de William A. Wellman

Robert Mitchum et Burgess Meredith

Robert Mitchum et Burgess Meredith

Le distributeur Action / Théâtre du Temple a ressorti hier en salles et en version restaurée ce très beau film de guerre américain, l’un des meilleurs du genre, signé par un grand cinéaste. Héros de l’aviation (il fit partie de la fameuse escadrille La Fayette durant la Première Guerre mondiale, auquel il consacrera son dernier film en 1958), William A. Wellman (1896-1975) était un rebelle à Hollywood, ne cachant pas son mépris pour les producteurs, les directeurs de studios et les vedettes trop capricieuses. Personnage haut en couleur, grande gueule colérique et casse coup, Wellman fit une entrée remarquée dans La Mecque du cinéma en atterrissant avec son coucou dans la propriété de Douglas Fairbanks. Son premier grand film, Les Ailes en 1927, fresque sur l’aviation aux combats aériens impressionnants, sera aussi le premier à remporter l’Oscar. Wellman est connu pour plusieurs titres mythiques du film noir (L’Ennemi public avec James Cagney), du western (L’Etrange incident), du mélodrame (la première version d’Une étoile est née) ou du film d’aventures (L’Appel de la forêt avec Clark Gable, ou Beau Geste avec Gary Cooper). Wellman a également réalisé d’excellents films de guerre et de l’avis général – y compris du sien – son chef-d’œuvre est Les Forçats de la gloire (The Story of G.I. Joe, 1945) évocation de la longue marche de l’infanterie américaine en Afrique du Nord puis en Sicile jusqu’aux portes de Rome, à travers le regard du journaliste de guerre Ernie Pye (mort durant la bataille de Iwo Jima avant d’avoir vu le film), qui couvrit le conflit aux côtés des soldats, dans des conditions souvent terribles, bien retranscrites malgré un tournage à Hollywood. Wellman l’aviateur, paradoxalement, aura signé le plus beau film dédié aux fantassins et aux sans-grades de l’Infanterie. Dans un style presque documentaire, loin de tout lyrisme, Les Forçats de la gloire impressionne par sa mise en scène, son émotion et sa douleur contenues (Wellman n’a jamais filmé la violence avec complaisance, au contraire) et la qualité de son interprétation (Burgess Meredith et Robert Mitchum, dans son premier grand rôle, y sont remarquables.) Ce classique admirable, salué par Samuel Fuller comme « le seul film adulte et authentique produit par Hollywood durant la Seconde Guerre mondiale » employa pour sa figuration de véritables soldats qui à l’instar de Pye moururent au front, sur l’île d’Okinawa, une fois le tournage terminé.

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