A l’âge d’Ellen (Im Alter von Ellen) de Pia Marais sort aujourd’hui sur les écrans français, distribué par Les Films sans Frontières, après sa présentation en première mondiale au Festival del film Locarno en 2010, en compétition internationale.
Le cinéma moderne est un art du portrait. Rossellini avec Europa 51, Antonioni avec L’avventura et Le Désert rouge, ont montré la voie d’un cinéma de l’introspection et de l’étude psychologique, d’un désir de fiction intimement lié à l’idée de crise et de fuite. Im Alter von Ellen est seulement le deuxième long métrage de Pia Marais, jeune cinéaste allemande, mais c’est un film si accompli, si maîtrisé qu’il s’impose d’emblée comme un des titres les plus importants de cette décennie naissante. Le cinéma est aussi affaire de rencontres. Nul doute que celle qui s’opère devant nos yeux, entre une réalisatrice qui sait ce qu’elle désire et une actrice au sommet de son art (je veux parler de la grande actrice française Jeanne Balibar, géniale dans son premier rôle en allemand), comptera bientôt parmi les plus essentielles du cinéma contemporain.
Jeanne Balibar interprète Ellen, une hôtesse de l’air. Sa profession la conduit à être en perpétuel mouvement, mais c’est une voyageuse immobile, aliénée par une vie décevante et sans surprise. Lasse de son existence et de son insatisfaction sentimentale, elle décide de tout plaquer et d’emprunter des chemins de traverse, au hasard des rencontres et des péripéties. Le récit emprunte alors un mode aléatoire, sans jamais perdre de vue ce qui fait un grand film : la beauté de celle qui regarde (Pia Marais) et celle qui est observée (Jeanne Balibar). Inutile de dire qu’elle sont toutes les deux au sommet de leur art. C’est suffisamment rare pour être applaudi, et pour que l’on puisse affirmer, dans un film qui ose les ruptures de tons et les accidents de parcours : tout est grâce.
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