Olivier Père

Gens de Dublin de John Huston

ARTE diffuse Gens de Dublin (The Dead) lundi 6 décembre à 22h55. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 3 février 2022.

John Huston est mort en 1987 à l’âge de 81 ans. Il avait presque terminé son trente-septième long métrage, Gens de Dublin, son plus beau. Huston était un baroudeur et un intellectuel, parfois un artiste. Mais c’est le cinéaste qui a eu le dernier mot.

Il est permis de contester la valeur testamentaire des derniers films des grands maîtres du cinéma américain et l’importance artistique de leurs adieux par rapport à leurs classiques officiels : Walsh, Ford, Hawks, Chaplin… ont tiré leur révérence avec des titres admirables pour les uns, problématiques ou mineurs pour les autres. Concernant Huston, trêve de chipotage devant une évidence qui met tout le monde d’accord, les hustoniens convaincus et les sceptiques. Son dernier film, mis en scène peu de temps avant sa mort, Gens de Dublin d’après une nouvelle de James Joyce, est un chef-d’œuvre. On peut admirer un cinéaste pour une œuvre entière ou seulement un film. Huston était un « auteur » à l’américaine, c’est-à-dire avant tout un scénariste, un aventurier et un homme cultivé qui alterna les films ambitieux et les commandes, les ratages et les éblouissantes réussites. Avec l’admirable The Dead, il réussit l’impossible (adapter Joyce au cinéma) et réalise un film d’intérieurs à l’atmosphère feutrée qui se déroule le temps d’une soirée, lors d’un repas du nouvel an dans la bonne société dublinoise du début du siècle. Cette réunion conviviale rythmée par des chants, des histoires et des conversations ravivera pourtant chez une jeune femme le souvenir d’un homme aimé et mort à dix-sept ans. Rentrée chez elle, elle confiera son secret à son mari, qui découvrira à quel point son épouse lui est restée étrangère malgré des années de vie commune. La fin du film, long monologue sur un plan de cimetière, touche au sublime. Huston, qui consacra ses derniers souffles à cette méditation sur la vie et la mort interprétée par sa fille Angelica et une troupe de comédiens irlandais, est décidément parti en beauté.

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3 commentaires

  1. Comet dit :

    Bonjour. Savez-vous si on peut espérer voir un jour cette œuvre sur un bluray digne de ce nom.
    En tout cas merci pour cette diffusion.

  2. Martin dit :

    Merci beaucoup pour cette diffusion tant attendue.

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