Pour inaugurer un cycle de trois films de John Huston, qui accompagne le documentaire inédit John Huston, une âme libre, ARTE diffuse dimanche 5 décembre à 20h55 Le Vent de la plaine (The Unforgiven, 1960) avec Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Lillian Gish, Audie Murphy.
John Huston n’aimait pas Le Vent de la plaine, car il accusait le studio United Artists d’avoir massacré son film au montage, derrière son dos. Le cinéaste est injuste envers le résultat final. Cela ne correspond sans doute pas à ses ambitions de départ, mais cela reste largement supérieur à certains projets plus artistiques, et plus conformes à sa volonté, comme Moulin Rouge par exemple. On peut regretter que le beau personnage de l’éclaireur portugais, interprété par John Saxon, ait presque disparu du film, alors qu’il occupait une place prépondérante dans le récit initial. Au début des années 60, Huston est dans une période faste puisqu’il va enchaîner Le Vent de la plaine, Les Désaxés et Freud, passions secrètes. Ces trois œuvres sombres et sérieuses, qui comptent parmi ses meilleurs films, ne rencontreront pas le succès escompté. Le Vent de la plaine n’a rien d’un western ordinaire, et développe une réflexion émouvante sur le racisme anti-indiens qui ronge une communauté de fermiers de l’état du Kansas. A l’occasion de la révélation tumultueuse des origines d’une enfant adoptive, une famille découvre la puissance des liens de l’amour, plus fort que ceux du sang et de la haine. Le Vent de la plaine est l’adaptation d’un roman de Alan Le May, qui avait écrit trois ans plus tôt La Prisonnière du désert. Les deux livres comme les films qu’ils inspirèrent traitent de la cohabitation impossible entre colons et Indiens. Il est aisé de voir dans le film de Huston le double inversé de celui de John Ford, où cette fois-ci ce sont des Blancs qui enlèvent un bébé indien après un massacre. Dans les deux cas, le constat est amer, le chemin vers la tolérance et l’acceptation de soi, douloureux.
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