Olivier Père

Maniac de William Lustig

Le Chat qui fume, éditeur spécialisé dans le cinéma d’exploitation américain, européen et australien, propose de revoir Maniac et Vigilante de William Lustig.

Né en 1955 dans le Bronx, Lustig a assouvi sa boulimie de cinéphile dans les salles spécialisées de la 42ème rue. Il débute sa carrière dans le cinéma pornographique. Amateur de cinéma bis, il deviendra éditeur de DVD (les label Anchor Bay et Blue Underground), parallèlement à ses activités de producteur et de réalisateur.

Lustig a mis en scène son premier long métrage officiel dans les marges de l’industrie cinématographique, à l’instar d’Abel Ferrara (Driller Killer) ou Franck Henenlotter (Frères de sang).

Maniac (1980), après avoir rencontré des ennuis avec la censure au moment de sa sortie, est devenu au fil du temps un petit classique de l’horreur moderne américaine, au même titre que Zombie de Romero ou Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, avec lesquels il partagea l’honneur de compter parmi les premiers succès de la vidéocassette en France, dans la fameuse collection « les films que vous ne ferez jamais à la télévision » initiée par René Chateau. C’est grâce aux vidéoclubs de quartier qu’une génération d’adolescents découvrit des films souvent bannis des salles de cinéma pour leur extrême violence, et qui générèrent une nouvelle cinéphilie de contrebande. William Lustig dresse dans Maniac le portrait éprouvant d’un tueur en série, qui scalpe des prostituées ou poignarde des femmes seules dans les toilettes publiques. Victime enfant des sévices de sa mère abusive, Frank Zito est devenu un psychopathe qui vit entouré de trophées macabres, en proie à des visions traumatiques quand il ne part pas en chasse dans les nuits de Manhattan. Si la première partie du film est impressionnante par sa description de la vie d’un fou solitaire au cœur de la ville, la seconde partie, dans laquelle Frank développe une relation amicale hautement improbable avec une séduisante photographe, est plus conventionnelle. Il n’empêche que Maniac fit date dans l’histoire du slasher : pour les trucages gore hyperréalistes de Tom Savini, l’interprétation dérangeante de Joe Spinnell et l’efficacité de la mise en scène du cinéaste débutant. Maniac, lointainement inspiré par Psychose, demeure un sommet de cinéma malsain, sanglant et glauque, qui adopte le point de vue de son monstrueux personnage principal, et n’épargne rien au spectateur de ses agissements meurtriers ou de ses hallucinations.

Nouvelle restauration 4K réalisée à partir du négatif d’origine. Cette édition propose de nombreux compléments, parmi lesquels un commentaire audio de William Lustig et Tom Savini.

Catégories : Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *