Olivier Père

Le Choix des armes de Alain Corneau

ARTE diffuse Le Choix des armes (1981) de Alain Corneau lundi 29 janvier à 20h55.

Avec Le Choix des armes, Alain Corneau souhaite concilier deux facettes du cinéma policier français, et par la même occasion de sa propre filmographie. Le personnage interprété par Yves Montand, ancien gangster rangé des voitures contraint de plonger à nouveau dans l’illégalité avec l’irruption d’un jeune voyou évadé de prison qui vient chercher refuge dans sa propriété où il élève des chevaux, renvoie à la tradition du film noir des années 50 et 60 illustrée par les classiques de Jacques Becker (Touchez pas au grisbi) ou Jean-Pierre Melville. On pense aux personnages interprétés par Jean Gabin devant le portrait de cet homme vieillissant dont les principes et les valeurs entrent en conflit avec la nouvelle génération du petit banditisme. Au départ Alain Corneau pensait à Lino Ventura pour jouer le vieux truand repenti, rôle finalement confié à Yves Montand. Corneau avait déjà frayé dans cette voie melvilienne avec Police Python 357, son premier polar réalisé en 1975, également sous influence américaine. Avec Le Choix des armes, le réalisateur et son scénariste Michel Grisolia affichent cette fois-ci l’ambition de rendre compte de l’évolution de la société française par l’intermédiaire d’un tableau nuancé de la pègre. A la belle maison à la campagne de Noël Durieux (Yves Montand), loin du tumulte de la ville répond la Cité des 4000 de la Courneuve et ses H.L.M. délabrées où ont grandi Mickey (Gérard Depardieu) et ses copains, entre désœuvrement, rêves déçus, trafics et petits larcins. Les ambiances blêmes de zones urbaines fantomatiques renvoient au film précédent de Corneau, Série noire (prochainement diffusé sur ARTE), qui voulait dévier du cinéma criminel classique pour dépeindre un état mental en résonnance avec un paysage de banlieue à l’abandon. C’est la dimension moderne, presque sociologique du Choix des armes qui retient le plus l’attention aujourd’hui. D’autant plus que cette partie du film est incarnée par Gérard Depardieu, génial en bête traquée en proie à des accès incontrôlables de folie meurtrière, et dont la cavale va déclencher une série de catastrophes. Depardieu détruit littéralement le décor bourgeois patiemment construit par Montand. Depardieu parvient à nuancer la brutalité de son personnage en exprimant une fragilité inattendue et une tendresse indicible – celle qu’il éprouve pour sa fille qu’il n’a pas vu grandir. Le Choix des armes enrichit le face-à-face Depardieu-Montand d’une galerie de personnages secondaires remarquablement interprétés, entre autres, par Michel Galabru, Richard Anconina ou Gérard Lanvin.

 

 

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