ARTE rediffuse Nelly & Monsieur Arnaud (1995) de Claude Sautet lundi 27 mars à 20h55.
Dernier film de Claude Sautet, Nelly & Monsieur Arnaud offre toutes les caractéristiques d’une œuvre testamentaire, par un auteur en pleine possession de ses moyens. Le personnage de Monsieur Arnaud y apparaît comme un double évident du cinéaste, jusque dans son apparence physique et vestimentaire. Les photos de tournage montrant Claude Sautet et Michel Serrault côte à côte possèdent de troublants effets de symétrie. Plutôt que de proposer une visite récapitulative de ses thèmes de prédilection, Sautet opte pour l’épure, le cinéma d’intérieurs. Le film se concentre sur la relation entre un bourgeois vieillissant, riche et misanthrope, au passé qu’on devine aventureux, et une jeune femme fragilisée par une récente rupture sentimentale, à la recherche d’un travail qui lui assurerait son indépendance financière. Sautet souligne une fois de plus le rôle de l’argent dans les relations sociales et humaines. De l’argent, l’ancien juge reconverti dans les affaires Pierre Arnaud en a beaucoup gagné, en a beaucoup fait perdre à ses adversaires. Il cherche désormais à dresser le bilan de sa vie, dont on devine les zones d’ombres, et engage Nelly pour dactylographier ses mémoires. Ce vague projet autobiographique va bientôt servir de prétexte à Arnaud pour voir régulièrement Nelly, lectrice et correctrice attentive de son manuscrit, intriguée, agacée et séduite par son employeur. Emmanuelle Béart fut l’ultime égérie de Claude Sautet, héroïne de ses deux derniers films, Un cœur en hiver et Nelly & Monsieur Arnaud. Il est difficile de ne pas penser à Romy Schneider devant ces portraits de jeunes femmes fascinantes et libres interprétées par la même actrice. Sautet ausculte avec pudeur une relation faite de non-dits entre un homme à l’automne de sa vie et une femme belle et combattante. L’amour platonique qui unit les deux êtres culminera par une caresse volée et une étreinte furtive. Des dialogues élégants mais jamais trop écrits et une mise en scène au classicisme feutré viennent rappeler que Sautet fut un styliste discret mais sûr de son art. Sous le vernis des convenances, le secret et le désir font trembler une dernière fois le cinéma de Claude Sautet.
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