Dans le cadre d’une soirée Alain Delon, ARTE diffuse L’Insoumis (1964) d’Alain Cavalier, en version restaurée, lundi 20 mars à 22h55. C’est l’occasion rêvée de redécouvrir un titre à part dans les filmographies de Delon et de son réalisateur. Dans la première partie de sa carrière aux multiples facettes, Alain Cavalier a célébré la beauté féminine mais aussi masculine en filmant successivement trois vedettes à l’insolente jeunesse : Romy Schneider (Le Combat dans l’île), Alain Delon (L’Insoumis) et Catherine Deneuve (La Chamade). L’Insoumis est le plus étonnant de ces trois films magnifiques. C’est également le moins connu, victime des tracasseries de la censure et d’un procès qui lui coûtera près de trente minutes et le fera disparaître prématurément des écrans.
L’Insoumis est le portrait d’un déserteur, ancien soldat de la légion étrangère, qui trahit des employeurs, membres de l’OAS, et permet l’évasion à Alger d’une avocate qu’il était censé surveiller dans sa geôle. Le film aborde le sujet encore brûlant de l’indépendance de l’Algérie moins de deux ans après la vague d’attentats meurtriers organisés par l’Organisation armée secrète. Pourtant cette histoire d’enlèvement puis de libération n’a rien d’un pamphlet politique. Il n’y est pas question d’une prise de conscience. C’est de manière instinctive que le personnage interprété par Delon choisit d’aider la jeune femme séquestrée. Il a pitié d’elle et refuse de demeurer passif. Le prologue du film nous le montre déjà désobéir à son officier pour courir au secours d’un copain sous les balles des fellaghas. C’est un individualiste dont le seul idéal est la liberté, qui lui permettrait de retrouver sa petite fille qu’il n’a jamais vue.
L’Insoumis ne cache pas sa dette envers le film noir américain, son atmosphère violente et ses antihéros romantiques. La cavale de ce jeune fugitif blessé prend des accents tragiques. Delon, fort de sa précoce gloire et de son magnétisme angélique, est superbe en animal traqué. Cavalier met son style épuré au service de l’action. Il enregistre avec précision les déplacements félins de son acteur. Quelque part entre Bresson et Walsh, L’Insoumis est l’un des diamants secrets du cinéma français.
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