Olivier Père

La Valse des pantins de Martin Scorsese


A New York un aspirant comique sans aucun succès, Rupert Pupkin (Robert De Niro), pour accéder enfin à la notoriété, décide d’enlever le présentateur vedette d’un show télévisé, Jerry Langford (Jerry Lewis), avec la complicité d’une groupie totalement cinglée, et n’accepte de le libérer qu’à la condition de participer à son spectacle. Carlotta édite en Blu-ray ce grand film américain des années 80, dans sa version restaurée en 4K et accompagné de compléments précieux et instructifs, en vente à partir du 14 mai. La Valse des pantins (The King of Comedy, 1982) est le chef-d’œuvre inconnu (ou presque) de Scorsese, un film dont l’aura ne cesse de grandir depuis sa sortie assez confidentielle et son échec malgré une sélection au Festival de Cannes. C’est à l’assassinat de John Lennon et à Andy Warhol qu’on pense le plus en voyant cette satire implacable de la société du spectacle dont la violence s’incarne dans l’affrontement d’un monstre à deux têtes : la star cynique et misanthrope des médias (Jerry Lewis) et le sociopathe hystérique qui rêve d’obtenir son quart d’heure de gloire (Robert De Niro en comique ringard.) Encore un film sur l’échec d’un pessimisme glaçant qui prend des faux airs de comédie tashlinesque pour dresser un état de lieux de l’Amérique et le portrait d’une âme perdue aussi désespéré et noir que Taxi Driver.

Jerry Lewis et Robert De Niro

Jerry Lewis et Robert De Niro

Cette vision cauchemardesque de la société du spectacle peut également s’appréhender comme un très brillant post-scriptum à l’œuvre de Jerry Lewis cinéaste, avec laquelle elle entretient autant de relations – sinon davantage – que le reste de la filmographie de Scorsese. Dès son premier long métrage Le Dingue du palace – avec l’arrivée d’une vedette de cinéma dans l’hôtel qui est le sosie du groom interprété par Jerry Lewis, puis des comédies sur les coulisses des studios, Le Zinzin d’Hollywood et Jerry souffre-douleur, Jerry Lewis avait lui aussi dénoncé la fascination exercée par le star-system et le besoin maladif d’être aimé et d’exister grâce au regard des foules, par écrans interposés.

 

 

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