Eswatini : au bord de la rupture

Peuplé de 1,2 millions d’habitants, ce royaume n’a connu ni apartheid, ni guerre civile, ni conflits ethniques. Il possède, de plus, des paysages majestueux. Des atouts d’une destination de rêve… Mais en apparence seulement.
En Eswatini, 70 % des habitants vivent sous le seuil de la pauvreté. 29 % sont contaminés par le virus du SIDA. Depuis l’explosion de l’épidémie, l’espérance de vie a chuté à 55 ans. Pour autant, ces chiffres alarmants ne semblent pas inquiéter le monarque autoritaire. Outre sa mainmise sur 60% de l’économie du pays, il siphonne chaque année 130 millions d’euros du budget national pour financer son mode de vie extravagant. 
Il y a trois ans, le désespoir a porté la population dans les rues. Ces manifestations pacifiques ont été réprimées de manière sanglante, faisant plus de 100 morts et 700 blessés parmi les civils. En janvier 2023, un cran supérieur a été franchi avec l’assassinat du populaire Thulani Maseko, prodémocrate et avocat des droits de l’homme. 
Depuis, censure, règlements de comptes, élimination de civils et d’opposants se multiplient. Les partis politiques sont interdits. La répression pousse les adversaires à l’exil, principalement vers l’Afrique du Sud voisine.
Pourtant, certains ont décidé de braver ce climat de terreur comme la principale opposante du pays, Tanele, la femme de l’avocat assassiné ou des survivants des manifestations de 2021. Beaucoup y ont perdu un proche. D’autres persistent à se battre depuis l’intérieur même du pays et s’organisent pour promouvoir des réformes démocratiques. Ils sont membres de l’Eglise, jeunes étudiants, agriculteurs expropriés arbitrairement.
L’Eswatini, un royaume au bord de la rupture ?