Myanmar DiariesUne bouteille à la mer

Le 1er février 2021 au Myanmar, trois mois après des élections législatives remportées par son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, Aung San Suu Kyi est arrêtée par l'armée. C'est la première étape d'un nouveau coup d'État qui place la junte au pouvoir. Un large mouvement de résistance populaire appelle à la désobéissance civile, mais il est brutalement réprimé par les militaires : on dénombre au moins quatre morts, dont une jeune femme abattue parce qu'elle portait un t-shirt rouge – une couleur considérée comme celle de la protestation. Pour lutter contre ce regain d'oppression qui s'abat encore une fois sur leur pays, dix jeunes cinéastes birmans décident de lancer à destination du monde un appel à l'aide sous la forme d'un documentaire bouleversant. Contraints à l'anonymat pour ne pas risquer leur vie, ils fondent un collectif, le Myanmar Film Collective, s'employant à rendre perceptibles le désespoir, mais aussi la détermination de la population. Des vidéos filmées au téléphone portable, des témoignages de journalistes citoyens documentent l'arbitraire au cœur de la répression, mis en perspective par des séquences plus cinématographiques.  

Langage visuel singulier 
Tourné dans la clandestinité, le documentaire Myanmar Diaries saisit par la force de sa dramaturgie et la singularité du langage visuel qu'il a dû inventer pour rendre compte de la terreur et du règne de l'arbitraire imposés par la junte. Animé d'un sentiment d'urgence, le film met aussi au jour les ressources de la population, toutes générations confondues, pour résister à la brutalité du régime. Entremêlant des histoires personnelles poignantes, des prises de vues directes et des séquences artistiques, cette œuvre hybride, meilleur documentaire à la Berlinale 2022, a également reçu le prix du film Amnesty International : "'Myanmar Diaries’ est un film d'investigation impressionnant et profondément courageux. [...] Le monde a besoin de ce film", a estimé le jury.