ARTE ReportageAfghanistan : Radio Begum / Ukraine : les blessures invisibles
53 min
Disponible jusqu'au 27/05/2024
Émission du 27/04/2024
- Version française
Afghanistan : Radio Begum, la voix des résistantes
Depuis le 15 août 2021, date à laquelle les talibans ont repris l'Afghanistan, les Afghanes, réduites au silence, subissent un apartheid de genre unique au monde. Les parcs, la mendicité, les sites touristiques, les sorties sans chaperon leur sont interdits. La spécialité de gynécologie, les salons de beauté, les voyages sont fermés aux Afghanes. La scolarité des jeunes filles après l'âge de douze ans n'est plus possible - après dix ans dans certaines régions. Lorsque l’horizon se dessine de façon aussi terrible, les interstices de libertés se changent en puits de lumière, d’où émerge Radio Begum, une radio éducative à l'adresse des millions de petites filles privées d'apprentissage. Ce média fait par des femmes pour des femmes, interdit aux hommes, diffuse chaque jour des programmes scolaires qui soutiennent le réseau des écoles clandestines dans le pays, autour de 15 000, toutes créés en secret, logées dans des salons familiaux, des caves et des grottes. Bien qu’étroitement surveillée, la radio a échappé momentanément à la fermeture. Mais cet équilibre est aussi fragile que subtil : média de la voix et non de l’image, elle préserve l’anonymat des journalistes, leurs traits ne sont pas exposés comme ceux des présentatrices télévisées, sommées de démissionner les unes après les autres. Radio Begum n’enfreint donc pas encore la loi talibane. Et ses dizaines de femmes journalistes résistent à la longue nuit promise par leurs bourreaux. Réalisé clandestinement, dans une dictature quasiment fermée aux caméras étrangères, ce reportage offre un accès inédit à la seule résistance qui perdure en Afghanistan : celle des femmes.
Ukraine : les blessures invisibles
Après deux ans de conflit, les pertes au sein de l'armée ukrainienne sont estimées entre 70 000 et 100 000 soldats. Face à la Russie, un pays quatre fois plus peuplé, ces chiffres sont remis en question par les alliés de l'Ukraine, tandis que des voix dissidentes s'élèvent au sein même du pays. Confrontée à un manque de soldats sur le front, l’Ukraine cherche à élargir sa mobilisation. Quatre-vingt pour cent de la population a vu un proche blessé ou tué et près de douze millions d’Ukrainiens sont désormais victimes de traumatismes liés à la guerre. Une grande partie des Ukrainiens sont déchirés entre leur devoir militaire et leur conscience. L’acharnement russe sur les lignes de front et l'évolution du conflit ont contraint le gouvernement à voter un projet de loi pour recruter des forces vives, de nouveaux soldats assignés à relever des troupes épuisées. Une mobilisation de près de 500 000 hommes pour organiser les rotations, maintenir les tranchées à l'Est et lancer de nouvelles offensives destinées à repousser les attaques russes. Une décision gouvernementale impopulaire qui laisse de nombreux individus partagés entre leur devoir patriotique et la crainte de mourir dans un affrontement sanglant. Agée de 38 ans, Hàna dirigeait autrefois l’un des plus grands clubs électro de Kiev. Après un entraînement rigoureux de plusieurs mois, elle s’est engagée dans l'armée et a servi trois mois au plus près des combats en tant que médecin militaire. Bien que revenue indemne, elle porte en elle des cicatrices invisibles, témoins des traumatismes vécus.
Pays
France
Année
2024