ARTE diffuse mercredi 20 octobre à 20h55 Effets secondaires (Side Effects) réalisé par Steven Soderbergh en 2013. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE.tv.
Une jeune femme dépressive a poignardé son mari dans un état de somnambulisme. Tout accuse son psychiatre, qui lui avait prescrit un nouveau médicament, une molécule psychotrope sur laquelle il était chargé de mener une étude clinique, payé par un laboratoire. Les médias s’emparent de l’affaire et le psychiatre est lâché par son entourage professionnel et privé. Effets secondaires débute par une dénonciation des laboratoires pharmaceutiques puis se transforme en thriller psychologique aux rebondissements imprévisibles. On croyait assister à un film-dossier intimiste ou au portrait d’un médecin compromis mais c’était un leurre. Steven Soderbergh signe qui multiplie les apparences trompeuses, les retournements de situations, les personnages à double face. Ce type de scénario semble lui convenir parfaitement, lui n’est pas toujours où on l’attend, même si sa reconversion dans les séries et les films produits pour des plateformes paraît définitive, tant elle convient à ses méthodes de travail, sa rapidité et sa souplesse d’exécution. Steven Soderbergh est un cinéaste surdoué à la palette illimitée, avide d’expérimentations. Occupant sous différents pseudonymes les postes de monteur et de directeur de la photographie, il signe avec Effets secondaires un brillant exercice de style et privilégie les décors naturels pour accentuer le réalisme des situations. Ce film élégant, magnifiquement interprétés par Rooney Mara, Jude Law et Catherine Zeta-Jones, parvient à combler les amateurs de suspens hitchcockiens mais aussi ceux qui demeurent curieux des prototypes formels et des histoires pour adultes que Soderbergh parvient à produire à l’intérieur de l’industrie du divertissement.
Les films de Soderbergh sont très souvent décevants et sans intérêt. Il a plus l’âme d’un producteur, avide de monnaie, qui monte rapidement des projets cinématographiques comme on monte des arnaques. La série des Océan’s en est une des illustrations.
Je ne retiendrais dans sa filmographie que « Paranoia » (2018) filmé en partie avec un i-phone, ce qui lui permet d’avoir des cadres insolites et qui vont parfaitement a un film sur la paranoia dans hôpital psychiatrique
et son dernier « No sudden Move », film noir intéressant, proche d’un Tarantino (l’humour en moins).
Olivier, voyez-vous autre chose à sauver dans sa filmographie ?
C’est votre avis. Parmi ses réussites je citerais Traffic, Erin Brockovich, Bubble, Che, Girlfriend Experience, Contagion, Magic Mike, Ma vie avec Liberace, Effets secondaires, Paranoïa mais je suis loin d’avoir vu tous ses films.
Quand vous parlez de réussites, vous pensez à réussites économiques comme pour Magic Mike ( une production de 5 millions qui a rapporté 110 millions…) ou réussites cinématographiques en tant qu’auteur comme le sont un Fellini, Antonioni, Godard, Dumont, Mizoguchi… ?
Si c’est le deuxième cas, ça devient inquiétant pour le cinéma d’auteur si même Arte voit dans du Mac Donald’s de la grande cuisine…
Encore une fois, je suis en désaccord avec vous Damien.
Même si je mets au plus haut Bergman, Fellini, Kurosawa, Ford et qqs autres pourquoi ne pas accepter l’existence d’un auteur doué mais inégal comme Soderbergh?
Il a une vraie énergie et sait se montrer un grand narrateur en adoptant des récits très divers dans leur facture comme dans leurs thèmes.
Je l’avais trouvé inventif dès son coup d’essai Sexe mensonges et video. Parfois il rate son coup car il est prolifique mais souvent il remporte la mise: Che est un film incroyablement ambitieux, Traffic un polar implacable, Solaris une SF qui réussit l’exploit d’exister pleinement aux côtés du chef d’oeuvre de Tarkovski, Ma vie avec Liberace un portrait à la fois émouvant et ironique,…
Ce n’est pas un auteur comme Fellini ou Tarkovski dont on repère immédiatement la signature, plutôt l’équivalent contemporain d’yn Michael Curtiz dont les films ne se ressemblent pas. Mais n’est ce pas une autre forme de force même si on lui préfère la singularité plus identifiable ?
Après je pense que la cinéphilie pour être un peu généreuse doit savoir accueillir la diversité des inspirations et talents.
C’est une version un peu sévère de la cinéphilie qui empêcha jadis d’admirer comme il se doit de grands noms tels que Friedkin, Argento, Carpenter ou Cronenberg. Heureusement cette ère est derrière nous.
Je peux ajouter d’autres réussites : Erin Brokovich et Girlfriend experience tout comme Olivier mais aussi The underneath , L’Anglais, Hors d’atteinte , le méconnu Good German mais aussi la série The knick.
Et je reverrais volontiers au moins deux films de ses débuts et jamais revus par la suite: Kafka et King of the hill.
Combien de réalisateurs de sa génération ont pu réaliser une trentaine de films? Dans le système actuel, c’est remarquable d’autant plus que Soderbergh n’est pas un yes man à la Ron Howard mais un auteur très complet ( réalisateur, scénariste, producteur, chef op, moteur!!!).
Je vous trouve très dur envers lui, Damien.
Pas un génie certes mais un très bon réalisateur.