Olivier Père

Cannes 2021 Jour 5 : Bonne Mère de Hafsia Herzi (Un Certain Regard)

Dans une cité HLM des quartiers nord de Marseille, l’histoire de Nora, qui travaille dans une équipe d’entretien de l’aéroport, mais aussi auprès d’une dame âgée qui est devenue son amie au fil des ans. Au début du film, nous l’accompagnons dès le petit matin tout au long d’une journée typique, harassante et interminable, faite de déplacements en transports en commun, de labeur ingrat puis de tâches ménagères de retour à la maison. Animée d’une énergie inépuisable, mais usée par une vie de sacrifices, Nora veille sur sa petite famille qui est aussi son fardeau : ses enfants et leurs amis, aux comportements souvent marqués par l’ingratitude et l’irresponsabilité. Le deuxième long métrage d’Hafsia Herzi aurait dû être le premier. Tandis que la production patinait, elle trouva le temps de mener à bien un projet plus léger et autoproduit, le très réussi Tu mérites un amour. Un changement de producteur plus tard, Bonne Mère vient confirme le talent de cinéaste de la jeune actrice, découverte par Abdellatif Kechiche dans La Graine et le Mulet. Bonne Mère s’affirme comme un hymne à l’amour maternel, débordant d’émotion, d’espoir et de vitalité. « Mon scénario est né de l’observation d’une génération de femmes au contact desquelles j’ai grandi : ma mère, les amies de ma mère, les mères de mes amis, mes tantes… pour lesquelles j’éprouve un profond respect » déclarait Hafsia Herzi lors de la mise en route du projet. Si la dimension autobiographique ne fait aucun doute, le film brouille les pistes en mélangeant à la réalité contemporaine des souvenirs et des discussions ancrés dans les années 90. De ces différentes strates de temps et de mémoire émerge une communauté humaine où la solidarité l’emporte sur les inégalités. Hafsia Herzi célèbre le courage de son héroïne et délivre un message d’espoir, tandis que les quartiers nord de Marseille ont sombré dans une violence endémique. Sans angélisme ni misérabilisme, Hafsia Herzi parvient à nous émouvoir par la bonté et la justesse de son regard.

 

Sortie le 21 juillet, distribué par SBS Distribution.

halima-benhamed © Bertrand Noël

Halima Benhamed, l’interprète principale de Bonne Mère © Bertrand Noël

Catégories : Actualités · Coproductions

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