Olivier Père

Du sang dans le désert de Anthony Mann

ARTE diffuse Du sang dans le désert (The Tin Star, 1957) lundi 12 juillet à 20h55. Ce chef-d’œuvre du western est réalisé par Anthony Mann après cinq classiques exemplaires du genre où James Stewart tenait le rôle principal. L’acteur était d’ailleurs pressenti pour interpréter le chasseur de primes Morg Hickmann, finalement joué par Henry Fonda. Le titre français se révèle un contre-sens total, puisque le film d’Anthony Mann délaisse les grands espaces et se déroule presqu’entièrement dans une ville de l’Ouest américain. Le titre original, The Tin Star (l’étoile en étain de shérif), reflète avec clarté les thèmes de la loi et de la transmission traités par le film.

L’action se situe dans une bourgade dont la tranquillité est menacée par un élément perturbateur nommé Bart Bogardus, malfaiteur notoire qui sème le désordre faute d’avoir été élu shérif. Celui qui occupe ce poste, un jeune homme expérimenté, éprouve des difficultés à lui tenir tête et à se faire respecter. L’arrivée d’un chasseur de primes vieillissant s’avère porteuse d’espoir. Détenteur d’un savoir que le shérif ignore, l’étranger va accepter de l’aider à assumer ses fonctions. Ce retour à la vie de la communauté lui permettra aussi de titrer un trait sur un passé douloureux empreint de culpabilité. Avec ce très beau film, Mann revient sur ses sujets de prédilection, la violence et le racisme et comment les annihiler, ou du moins les combattre. Tourné en noir et blanc et en VistaVision, format lancé par la Paramount en 1954, Du sang dans le désert est remarquable par le tranchant et la précision de sa mise en scène, qui évacue la moindre scorie et frise la perfection. C’est un condensé de l’art du western selon Mann, ici en pleine possession de ses moyens et associé à deux grands acteurs de générations différentes : Henry Fonda et Anthony Perkins, déjà brillant trois ans avant Psychose d’Alfred Hitchcock. Fonda est égal à lui-même, symbole d’une forme de rectitude morale associée à la lassitude et au désenchantement. Perkins échappe à la caricature du benêt naïf et maladroit et parvient à insuffler beaucoup de nuance à un rôle difficile. Dans le rôle du méchant Bogardus, assassin, raciste et comploteur, on a le plaisir de retrouver Neville Brand, figure patibulaire de la série B et de la télévision qui jouera également dans quelques productions prestigieuses au cours de sa longue carrière.

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