ARTE diffuse 28 jours plus tard (28 Days Later, 2002) de Danny Boyle mercredi 17 juin à 0h35.
Il n’y a pas grand-chose à sauver dans la filmographie de Danny Boyle mis à part ses incursions dans le fantastique (28 jours plus tard) et la science-fiction (Sunshine), toutes les deux scénarisées par l’écrivain Alex Garland, passé depuis à la mise en scène avec un long métrage intéressant sur l’intelligence artificielle, Ex machina (2014). 28 jours plus tard raconte comment un virus foudroyant, échappé d’un laboratoire, décime la majeure partie de la population du Royaume-Uni et du continent européen en moins d’un mois. Ce virus, baptisé « virus de la fureur », se propage par le sang et la salive en quelques secondes. Les êtres contaminés se transforment en machines à tuer animées par une énergie surhumaine. Garland s’est inspiré d’un roman de John Wyndham Le Jour des Triffides, adapté au cinéma en 1962, dans lequel une catastrophe écologique rendait la population aveugle. Garland a surtout retenu l’ouverture du livre : un homme se réveillait dans un hôpital désert après un long coma et découvrait un Londres dévasté, abandonné par ses habitants. Le film de Danny Boyle reprend cette introduction, typique de la science-fiction post-apocalyptique (Le Monde, la chair, le diable et les diverses versions cinématographiques de Je suis une légende de Richard Matheson). 28 jours plus tard s’apparente d’ailleurs à une compilation de références aux films d’invasion de zombies et autres désastres fixés sur pellicule. Le film rappelle Terre brûlée (No Blade of Grass, 1970) de Cornel Wilde, où un virus mortel frappait Londres et contraignait une famille à prendre la route vers l’Ecosse, dans une campagne en proie à la violence. L’épisode avec les militaires, absent du scénario original de Garland et imaginé par Boyle avant le début du tournage, reprend une situation décrite par George A. Romero dans Le Jour des morts-vivants (Day of the Dead) en 1985. La menace vient autant de la horde de contaminés que du groupe de brutes guerrières et fascisantes qui héberge un temps les fugitifs. Le dénouement verra, comme dans le film de Romero, les contaminés instrumentalisés par le héros pour se débarrasser des soldats. Si 28 jours plus tard a été salué au moment de sa sortie comme une date dans l’histoire d’un sous-genre extrêmement vivace, c’est d’abord pour ses partis-pris esthétiques. Tout le film a été tourné avec une caméra DV (à l’exception de la séquence finale), afin de conférer à cette histoire de survie en milieu hostile une ambiance hyper-réaliste, à la manière des productions Dogma de Lars von Trier. L’image numérique de faible définition renforce l’aspect crasseux et répugnant de ce « monde d’après », tout en rendant presque abstraites des scènes extrêmement gore, où disparaissent les détails du corps. Elle peut aussi, dans des plans très larges, apporter à l’image une dimension picturale, avec des taches de couleurs qui renvoient à l’art vidéo. L’autre originalité du film, la vitesse des assaillants contaminés, vient révolutionner l’habituelle langueur des déplacements des zombies selon Tourneur, Romero ou Fulci. Ici les humains transformés en monstres assoiffés de sang courent comme des dératés, ce qui laisse beaucoup moins de chance à leurs proies de leur échapper. Cela permet à Boyle de mettre en boîte des scènes d’action survoltées et volontairement brouillonnes.
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