Olivier Père

La Maison des damnés de John Hough

Parmi les nombreuses productions fantastiques inspirées par La Maison du diable (The Haunting, 1963) de Robert Wise, chef-d’œuvre absolu du film de maison hantée, La Maison des damnés (The Legend of Hell House, 1973) s’impose comme une belle réussite, un petit classique méconnu du cinéma fantastique. Ce film est signé John Hough, cinéaste anglais qui fait ses débuts à la fin des années 60 en réalisant quatre épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir, la mythique série britannique créée par Brian Clemens. Son premier long métrage pour le cinéma est une thriller où un enfant est témoin d’un meurtre, Les Inconnus de Malte (Eyewitness, 1970). Le second est une production Hammer, Les Sévices de Dracula (Twins of Evil, 1971). Le cinquième, La Maison des damnés, est adapté d’un roman de Richard Matheson, qui en a écrit lui-même le scénario. L’écrivain américain, très actif au cinéma et à la télévision, a publié Hell House en 1971. Le livre comme le film racontent l’enquête de quatre personnes, un physicien, son épouse et deux médiums, enfermées pendant une semaine dans « la maison la plus hantée du monde », la sinistre demeure Belasco, pour déterminer la possibilité d’une vie après la mort. Au fil des jours et des nuits, des manifestations surnaturelles vont affecter les faiblesses personnelles de chaque personnage, attiser les tensions entre les sceptiques, les néophytes et les adeptes du spiritisme. La puissance de la maison, autrefois habitée par un libertin pervers et sadique, réside dans sa capacité à corrompre ses visiteurs, avant de provoquer leur destruction mentale et physique. Hough et Matheson parviennent à créer une progression constante dans l’angoisse, en plongeant le groupe de chercheurs (deux hommes et deux femmes) dans des pièges liés à leurs propres névroses. La direction artistique, la photographie et la mise en scène de Hough, amateur d’angles tordus et d’images déformées, instaurent une atmosphère propice à la peur aux dérèglements fantastiques. L’intégralité du film se déroule dans l’inquiétant manoir, somptueux décor qui s’anime et tourmente ses habitants. Hough délaisse l’ambiance gothique des films de la Hammer pour une esthétique plus moderne, qui évoque les bandes dessinées macabres américaines, le « E.C. Comics ». Les quatre comédiens sont parfaits dans leurs rôles : Roddy McDowall, Clive Revill, Gayle Hunnicutt, Pamela Franklin. Cette dernière, abonnée aux histoires de maisons hantées et aux huis-clos étouffants depuis sa tendre enfance (Les Innocents, Confession à un cadavre, Chaque soir à neuf heures, La Nuit du lendemain), est ici la victime d’un chat possédé et d’ectoplasmes violenteurs, dans des scènes d’un érotisme morbide.

La Maison des damnés est disponible en blu-ray et DVD, édité par BQHL.

Catégories : Actualités

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