Mélodie en sous-sol de Henri Verneuil

ARTE diffuse Mélodie en sous-sol (1963) de Henri Verneuil dimanche 9 février à 20h50.

Mélodie en sous-sol est l’un des premiers grands succès populaires d’Alain Delon. Le film constitue un chapitre essentiel dans l’histoire de sa rivalité avec Jean-Paul Belmondo, et aussi dans celle de son admiration pour Jean Gabin. Les deux acteurs de deux générations différentes viennent de remporter un triomphe devant la caméra d’Henri Verneuil avec Un singe en hiver. Delon, jaloux de Belmondo, veut lui aussi partager la vedette avec Gabin, et conquérir le cœur du public français grâce à ce divertissement policier mêlant action, suspens et bons mots de Michel Audiard. Avec Mélodie en sous-sol, Verneuil, Simonin et Audiard transposent une série noire américaine de la banlieue parisienne jusqu’à la Côte d’Azur. Le film débute par des vues de Sarcelles métamorphosée par une urbanisation moderne et hideuse et se termine dans le luxe des palaces cannois, ambiances propices à plusieurs répliques acerbes d’Audiard sur l’argent, les femmes, l’ambition etc.

Mélodie en sous-sol raconte la préparation et l’exécution du casse du casino de Cannes par un vieux malfrat tout juste sorti de prison et un jeune loup aux dents longues. L’opération de Delon se révèle bien plus réussie que celle de son personnage. Après Plein Soleil et Rocco et ses frères, l’acteur démontre qu’il est également capable de légèreté et de bagout, sans renoncer à son charisme félin. Il s’évade du tournage interminable du Guépard pour rejoindre les plateaux de Verneuil, cinéaste qui rêve de cinéma hollywoodien et dont le film est en partie financé par la MGM, mais qui demeure bien de chez nous. Heureux de donner la réplique à Gabin, le futur samouraï de Melville préfère pourtant la solitude et ne peut s’empêcher de voler la vedette à son aîné, notamment lors d’une séquence acrobatique et silencieuse de hold-up.