Olivier Père

Halloween II de Rick Rosenthal

Le Chat qui fume a la bonne idée d’éditer dans des combos collector DVD et blu-ray les deux premières suites du classique de John Carpenter La Nuit des masques (Halloween, 1978). Cela fera plaisir aux nostalgiques des années 80 qui découvrirent ces films en salles ou en VHS du temps de leur adolescence. Cela confirmera surtout que la saga Halloween aurait dû s’arrêter après ces excellents prolongements, originaux à leur manière, tandis que les nombreuses productions suivantes ne firent qu’enterrer la création de Carpenter, avec des résultats artistiques et commerciaux plus que douteux. Tout le contraire de la suite directe réalisée en 1981 par Rick Rosenthal, qui reprend l’action du premier Halloween là où elle se terminait, et la prolonge en temps réel pendant 92 minutes. Michael Myers a échappé à la mort malgré de nombreuses balles dans le corps et sa chute de la fenêtre de la maison de la jeune fille qu’il pourchassait, Laurie Strode (Jaimie Lee Curtis). Le psychiatre Sam Loomis (Donald Pleasence) se lance à sa poursuite avec l’aide de la police locale, persuadé que le tueur au masque est indestructible. Pendant ce temps, Laurie est transportée à l’hôpital où le service de nuit, en effectif réduit, se charge de la placer sous sédatifs. Michael Myers ne tarde pas à retrouver la trace de sa proie, et à faire couler le sang dans les couloirs de l’établissement déserté. Halloween II, bien que tourné par un cinéaste débutant, parvient à retrouver l’esthétique et les qualités visuelles du premier opus. Il est vrai que Rick Rosenthal bénéficia d’un budget beaucoup plus important que La Nuit des masques et fut entouré par l’équipe technique et de production de Carpenter, en particulier son directeur de la photographie Dean Cundey. Le film réutilise la musique de Carpenter et Alan Howarth composée pour Halloween et qui contribua à son immense succès. La mise en scène de Rosenthal est si « carpenterienne » que la rumeur circula que Carpenter avait coréalisé le film. Il n’en est rien, même s’il est vrai que Carpenter fut appelé à la rescousse pour tourner des séquences additionnelles une fois un premier montage effectué, afin de rendre le film encore plus efficace. Au début des années 80, la mode du « slasher » engendrée par Halloween et Vendredi 13 est au sommet de la vague. Les producteurs exigent toujours plus de violence et de scènes sanglantes pour satisfaire les spectateurs de films d’horreur. Sans renoncer à son climat d’attente et de suspens nocturne, Halloween II parvient aussi remplir le cahier des charges du « gore » et abonde en moments de terreur et d’hémoglobine. Michael Myers y déploie son imagination sadique pour assassiner ses victimes avec des objets coupants ou contondants. Le meurtre le plus surprenant, celui d’une infirmière noyée dans un bassin d’eau bouillante, est repris des Frissons de l’angoisse. La stylisation des scènes d’effroi, ainsi que leur brutalité, portent la marque des thrillers d’épouvante italiens popularisés outre-Atlantique par Dario Argento. La majeure partie du film se déroule dans les couloirs d’un hôpital plongé dans l’obscurité, et permet au réalisateur d’installer une ambiance claustrophobe à souhait et éprouvante pour les nerfs.
La référence à la mythologie celtique et au « Samhain », fête qui voit les morts revenir dans le monde des vivants, semble annoncer Halloween III : le sang du sorcier, unique film de la franchise qui oublie complètement Michael Myers pour nous plonger dans la sorcellerie gaélique mis au goût du jour par une inquiétante société secrète. Mais ceci est une autre histoire.

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