Olivier Père

Trois couleurs : Rouge de Krzysztof Kieślowski

Dans le cadre d’une soirée Jean-Louis Trintignant lundi 23 septembre, ARTE diffuse Trois couleurs : Rouge (1994) de Krzysztof Kieślowski à 22h40. Ultime volet de la trilogie Bleu, Blanc, Rouge, ce film est aussi le dernier long métrage de son auteur, décédé deux ans après sa sortie. Edifice à l’architecture sophistiquée, cette trilogie ajoute au hasard et au choix, largement abordés par Krzysztof Kieślowski tout au long de son œuvre, les termes de la devise de la République française. Trois couleurs : rouge, centré autour de la rencontre d’une jeune mannequin et d’un vieux misanthrope, illustre le thème de la fraternité. Krzysztof Kieślowski, cinéaste imprégné par le catholicisme, s’interroge ici sur la part d’orgueil qui guide notre besoin de se consacrer aux autres. « L’éternelle question consiste à savoir si en donnant aux autres un peu de soi-même, nous ne le faisons pas pour avoir une meilleure idée de nous-mêmes. » Cette réflexion est provoquée dans le film par un accident de voiture au cours duquel Valentine (Irène Jacob) blesse un chien. Plutôt que de laisser l’animal sur le bord de la route, elle retrouve l’adresse de son maître et le conduit chez un vétérinaire. Le propriétaire du chien est un juge à la retraite, un solitaire aigri qui espionne ses voisins en écoutant leurs conversations téléphoniques. Selon lui, nous avons tous de sales petits secrets et nos vies sont réglées par des arrangements avec la morale et la vérité. Ainsi, un acte de bonté fait accéder Valentine à la découverte d’un délit. Une amitié paradoxale va naître entre la jeune et belle idéaliste et le vieillard dégoûté par l’humanité, dont les sentiments vont évoluer au contact de Valentine. Le personnage du juge est l’un des grands rôles de la dernière partie de la carrière de Jean-Louis Trintignant, avant ses deux films avec Haneke. Ce mélange de cynisme, de douceur et de mystère qui construisit le magnétisme de Trintignant à l’écran trouve ici une forme d’apothéose.

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