ARTE dédie la soirée du lundi 11 mars à Danielle Darrieux avec la diffusion d’un documentaire inédit, Danielle Darrieux – il est poli d’être gai de Pierre-Henri Gibert à 22h30, encadré par deux des plus beaux films de la grande actrice française, Madame de… à 20h55 et Battement de cœur à 23h25.
Madame de… est l’adaptation par Max Ophuls, Annette Wademant et Marcel Achard (dialoguiste) du roman éponyme de Louise de Vilmorin. Les auteurs ont transposé l’action à la fin du XIXème siècle, période appréciée par le cinéaste, plutôt que de la conserver dans l’époque contemporaine.
Pour régler ses dettes, Madame de… vend à un bijoutier des boucles d’oreilles que son mari lui avait offertes, et feint de les avoir perdues. Le parcours de ce bijou aura des conséquences dramatiques.
« Madame de… restera mon film, celui grâce auquel on ne m’oubliera pas tout à fait » écrivait Danielle Darrieux dans ses mémoires, au sujet de ce chef-d’œuvre de Max Ophuls, réalisé en 1953. Pour son avant-dernier film, le cinéaste d’origine allemande offre à l’actrice française un rôle aussi admirable que complexe et difficile. Il s’agit d’incarner, sous le faste de la beauté et de l’élégance, l’inexistence d’une aristocrate qui s’ennuie dans une société du vide et de l’apparence. Maître de mouvements de caméra virtuoses et incessants, des réflexions d’images au style baroque, Ophuls entraîne son héroïne dans un tourbillon tragique, un vertige des sentiments qui la conduiront à sa perte. De l’insouciance au malheur le plus destructeur, Madame de… fait l’expérience de la condition humaine. Le plaisir est triste et l’amour rencontre la mort. Danielle Darrieux, sublime, se révèle l’interprète idéale d’Ophuls. La modernité de son jeu lui permet d’exprimer des émotions réprimées sous le masque social.
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