Vous êtes ici : ARTE diffuse Juste avant la nuit (1971) de Claude Chabrol en version restaurée, lundi 18 février à 22h25. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE.tv.
« Je voulais transposer un sujet de pure comédie sur le registre du drame personnel. Souvent, on fait rire avec des questions graves. Il me semblait plus humoristique de traiter de façon austère ce qui aurait pu être tout aussi bien un vaudeville. On m’a reproché de me répéter, d’avoir refait La Femme infidèle. Je défie bien quiconque de mettre un gant droit à la main gauche. » (Claude Chabrol, Et pourtant je tourne, Editions Robert Laffont, Paris, 1976.)
Le mari, la femme, le mari de la maîtresse assassinée…
Juste avant la nuit peut se voir comme un film en miroir, double inversé de La Femme infidèle, grande réussite de Claude Chabrol réalisée deux ans plus tôt. Le réalisateur y retrouve ses deux acteurs de prédilection, Michel Bouquet et Stéphane Audran, une nouvelle fois époux bien installés dans le confortable cocon de la bourgeoisie de province. Un homme assassine sa maîtresse lors d’un jeu sadomasochiste. Rongé par la culpabilité, il éprouve le besoin d’avouer son crime, mais personne dans son entourage proche ne veut l’écouter : ni sa femme aimante, ni son meilleur ami, époux de la victime. A l’heure de la bourgeoisie triomphante, Chabrol démontre l’hypocrisie de cette classe, pour laquelle le maintien des apparences et de l’ordre, le goût du luxe et des privilèges sont plus importants que la justice et la vérité. A partir d’un argument presque comique, Chabrol réalise un film terrifiant sur le thème de l’expiation impossible, avec une dimension dostoïevskienne. Juste avant la nuit marque l’apogée de la période pompidolienne de Chabrol. C’est une œuvre parfaite, glaçante et implacable.
ARTE diffusera ultérieurement un autre grand film de Claude Chabrol, Que la bête meure (1969).
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