Les Pionniers de la Western Union de Fritz Lang

ARTE diffuse Les Pionniers de la Western Union (Western Union, 1941) de Fritz Lang lundi 11 février à 22h30. C’est le deuxième des trois westerns réalisés par Lang lors de sa carrière hollywoodienne. Le Retour de Frank James et L’Ange des maudits étaient centrés autour du thème négatif de la vengeance. Avec Les Pionniers de la Western Union, Fritz Lang offre sa contribution au récit des mythes fondateurs de la conquête de l’ouest et de l’avancée du progrès. Le film s’intéresse aux travaux d’installation de la ligne télégraphique vers la Californie. Si la réalité historique de ce chantier fut peu mouvementée, les scénaristes la pimentent à l’écran d’embûches et d’accidents violents pour la transformer en épopée, dans le contexte de la guerre de Sécession. Le début du film, avec ses personnages pittoresques, ses intermèdes comiques et ses élans lyriques laissent envisager une fresque positive et colorée dans la lignée des westerns à grand spectacle de Cecil B. DeMille. Lang n’a aucun mal à s’adapter au western, genre américain par excellence. Initié et produit par le tout-puissant Darryl F. Zanuck patron de la Fox, Les Pionniers de la Western Union porte cependant la signature de son réalisateur. Fritz Lang maîtrise parfaitement la gestion des espaces naturels, l’action, les chevauchées et la description d’une communauté d’aventuriers. Son souci de l’authenticité et du réalisme se mêle au respect de conventions propres à satisfaire les attentes du public. Le perfectionnisme de Lang et sa préparation minutieuse du découpage du film lui permettent de mener à bien un tournage difficile. Le récit s’assombrit progressivement et permet à Fritz Lang, au travers du personnage interprété par Randolph Scott, d’illustrer le thème de la fatalité, central dans son œuvre. Le film se transforme alors en tragédie, scellant dans la mort le destin de deux frères antagonistes. Fritz Lang a toujours mis en scène la violence avec une grande sècheresse. Les Pionniers de la Western Union, titre moins commentée que d’autres dans la filmographie de Lang, se révèle un modèle de mise en scène, et annonce quelques classiques du genre réalisés par Anthony Mann ou Budd Boetticher dans les années 50.