Olivier Père

Evil Dead 2 de Sam Raimi

Entre un Evil Dead (1981) bricolé par un réalisateur de 22 ans et un troisième volet intitulé L’Armée des ténèbres (1992), davantage orienté vers l’Heroic Fantasy, la parodie et les hommages à Ray Harryhausen, Evil Dead 2 (1987) est sans doute le meilleur volet de la trilogie de Sam Raimi. Le film apparait comme un auto-remake, davantage qu’une suite, du premier Evil Dead, encore plus survolté que l’original et au budget multiplié par dix.

Evil Dead avait rencontré au début des années 80 un extraordinaire succès mondial, en salles et surtout en vidéo. Ce triomphe inattendu incita Raimi à s’atteler à une nouvelle version de la même histoire six ans et un film – Mort sur le gril – plus tard, généreusement financée par Dino De Laurentiis jamais en retard d’une tentative de récupération opportuniste. Raimi souhaite réussir un film plus conforme à ses intentions de départ, sans être brimé par des conditions de tournage frisant l’amateurisme. Il profite des moyens qui lui avaient autrefois manqués pour donner à son film l’allure d’un cartoon horrifique qui repousse les limites de l’imagination macabre, avec une caméra prima donna aux mouvements incessants. Raimi opte pour un rythme frénétique, de l’action non-stop et une profusion d’événements effrayants, dégoutants, hilarants (souvent les trois à la fois) dans un espace clos, une cabane au fond des bois déjà théâtre du premier film. Des incantations réveillent une force maléfique qui prend possession des corps des protagonistes du film, transformés en pantins démoniaques. Raimi a recours à des trucages et des effets spéciaux surréalistes, entre Grand-Guignol et bande dessinée, qui renoncent à la logique au profit d’un spectacle de fête foraine. Démembrements, métamorphoses, mutations et explosions, jets de fluides multicolores ; Evil Dead 2 est un train fantôme qui fonce à vive allure sans donner une minute de répit au spectateur, pris dans un tourbillon de chocs visuels.

Dans ce déluge de latex, d’hémoglobine et de créatures animées image par image, le plus bel effet spécial du film est le corps et le visage de Bruce Campbell, acteur fétiche de Sam Raimi qui reprend le rôle de Ash. Ce grand benêt s’agite pendant tout le métrage, martyrisé et assailli par des démons revanchards ou des possédés, lui-même en proie au dédoublement. Monté sur ressort, Bruce Campbell se livre à un numéro hystérique et se transforme en héros de cartoon de Chuck Jones ou Tex Avery. Ses hurlements et ses distortions faciales, associés à une endurance physique hors norme en font un prototype de « scream king », version virile des icônes féminines du cinéma fantastique moderne. Mais Raimi ne se prive pas de ridiculiser Ash, lorsqu’il adopte des poses et des attitudes empruntées à Sylvester Stallone ou Clint Eastwood.

On connaissait les grands films malades. Sam Raimi réalise avec Evil Dead 2 un grand film idiot. Cela n’a rien de péjoratif. Cela désigne un film qui procure une jouissance sauvage, simple et directe, nous renvoie à un état de puérilité – ou d’ébriété.

Edition Steelbook 4K Ultra HD + 2 blu-ray chez Studiocanal, en vente à partir du 30 octobre.

 

Evil Dead 2 de Sam Raimi

Evil Dead 2 de Sam Raimi

 

 

 

 

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