Olivier Père

La Leçon de piano de Jane Campion

A l’occasion de la diffusion de la saison 2 très attendue de Top of the Lake, ARTE propose de revoir La Leçon de piano (The Piano, 1993) de Jane Campion mercredi 29 novembre à 20h55. Ce film ressortira également en salles le même jour, en version restaurée, distribué par Carlotta.

Le troisième long métrage de la réalisatrice néo-zélandaise est son plus grand succès public à ce jour. Il remporta la Palme d’or au Festival de Cannes (ex aequo avec Adieu ma concubine de Chen Kaige). Ce fut la première et unique fois (à ce jour, encore) que la récompense cannoise ultime revint à une femme réalisatrice. La Leçon de piano peut se voir comme un superbe livre d’images, magnifiant les paysages grandioses de la Nouvelle-Zélande, ses plages immenses, ses falaises et sa foret tropicale. C’est fort heureusement beaucoup plus que cela. Au-delà de ses indéniables attraits visuels c’est aussi un film qui tord le cou à l’idée d’académisme. Les effets esthétiques ne cherchent pas la beauté à tout prix mais plutôt à suggérer les émotions et sentiments intimes des personnages, et en particulier ceux de Ada qui vit une expérience sensuelle avec Baines, un homme illettré proche de la nature. Le conte ainsi l’histoire d’un affranchissement par la (re)découverte du plaisir physique, et épouse un point de vue féminin non seulement sur le sexe mais aussi sur la société du XIXème siècle avec ses règles de domination patriarcale, machiste et colonialiste. Le piano échoué sur une plage puis transporté à travers la jungle jusqu’à la maison de Baines devient un objet transitionnel qui conduit Ada, veuve murée dans le silence et mariée à un colon qu’elle n’aime ni ne désire, vers la libération et l’épanouissement. Jane Campion film puise une large part de son inspiration dans la littérature gothique et met en scène l’exaltation des sens dans un cadre propice à l’allégorie. La réalisatrice réussit à concilier cérébralité et instinct, poésie et romanesque dans une symphonie cinématographique portée par les interprétations inoubliables de Holly Hunter, Anna Paquin, Harvey Keitel et Sam Neill.

 

 

 

 

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