Olivier Père

Erin Brockovich, seule contre tous de Steven Soderbergh

ARTE diffuse Erin Brockovich, seule contre tous (Erin Brockovich, 2000) de Steven Soderbergh dimanche 4 juin à 20h55. Le film s’inspire d’une histoire vraie : celle de Erin Brockovich, mère divorcée avec trois enfants à charge, sans diplôme et sans ressources, qui va réussir à se faire embaucher comme archiviste dans un cabinet d’avocat. En s’intéressant aux anomalies d’un dossier immobilier elle parviendra à faire toute la lumière sur un scandale écologique de grande envergure et mettre à genoux une société de distribution d’énergie aux pratiques frauduleuses et nocives. Très à l’aise dans la commande, Soderbergh s’inscrit dans une certaine tradition hollywoodienne et mélange plusieurs genres. Erin Brockovich, seule contre tous est à la fois un thriller judiciaire, où une enquête révèle les agissements douteux d’une puissante compagnie, un film social qui prend la défense de citoyens démunis victimes d’injustices, et le portrait d’une femme forte bien décidée à s’imposer face à l’adversité. Le film bouscule les clichés en faisant de son héroïne une femme supérieurement intelligente malgré ses origines modestes et son look de cagole, et qui doit lutter contre les préjugés sociaux et sexistes, avec un courage, un humour et une intégrité morale à toute épreuve. Le duo qu’elle forme avec son patron, avocat ringard dépassé par les événements (Albert Finney) réserve des joutes oratoires au comique irrésistible, tandis que la relation qu’elle noue avec un motard sentimental transcende elle aussi les idées reçues.

Faire du neuf avec de l’ancien : la démarche est typique de Soderbergh, toujours habile dans les relectures postmodernes de récits classiques, et qui se montre ici moins distant et formaliste qu’à l’accoutumée. La générosité du propos et l’empathie constante pour Erin Brockovich que le cinéaste partage avec le spectateur vaudront au film et à son interprète Julia Roberts un triomphe critique et public mérité. Cinéaste versatile, Soderbergh délaisse ses affèteries stylistiques et ses effets de montage pour se concentrer sur un personnage féminin et un scénario (signé Susannah Grant) en or. Il insuffle au film un rythme trépidant, synchrone avec l’énergie déployée par Julia Roberts (qui trouve ici son meilleur rôle), dans une lumière californienne mordorée magnifiquement captée par le directeur de la photographie Ed Lachman. Film sur la guerre des sexes et la lutte des classes, la défense des opprimés contre les forces anonymes et destructrices du grand capital, Erin Brockovich, seule contre tous est une vraie fable américaine, un hymne plein d’espoir et d’optimisme qui glorifie l’action et la persévérance, sous le haut patronage de Howard Hawks et Frank Capra.

 

 

 

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Un commentaire

  1. Blase dit :

    J’aimerais revoir le film

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