Olivier Père

Les Poupées du diable de Tod Browning

Les Poupées du diable (1936)

Les Poupées du diable (1936)

Warner édite prochainement en DVD plusieurs classiques fameux du fantastique américain des années 30 parmi lesquels Le Masque d’or (The Mask of Fu Manchu, 1932) avec Boris Karloff en chinois diabolique, bande raciste qui multiplie les raffinements sadiques et érotiques (le personnage inoubliable de la fille de Fu Manchu interprétée par Mirna Loy); La Marque du vampire de Tod Browning avec Bela Lugosi et surtout Les Poupées du diable (The Devil Doll, 1936) toujours de Browning.

La rencontre de Browning, Barrymore et Stroheim accouche d’un chef-d’œuvre de l’insolite. Conte de fée, mélodrame, science-fiction, miniaturisation et travestissement. Quand le cinéma américain savait délirer…

Les Poupées du diable est sans doute, après le sublime Freaks, le plus génial des films parlants de Tod Browning. Célèbre pour sa collaboration avec l’acteur transformiste Lon Chaney, « l’homme aux mille visages », Browning trouve en Lionel Barrymore (photo en tête de texte) un digne successeur à Chaney et ses compositions extravagantes. Barrymore interprète un banquier condamné à tort qui s’évade du bagne et se venge de ses ennemis grâce à des sbires miniaturisés. Le film est un mélodrame noir (meurtres et vols de bijoux au programme), une terrible histoire de vengeance à laquelle vient se greffer un argument fantastique, selon la tradition des surprenants mélanges de genres et de tons (la bouffonnerie et la tragédie). Les effets spéciaux sont extraordinaires et l’idée fascinante de la miniaturisation, à la source de plusieurs classiques du cinéma fantastique, donne lieu à des scènes très poétiques et angoissantes. La cruauté de l’histoire, qui condamne le pouvoir corrupteur de l’argent et fait l’éloge de l’amour paternel (le banquier veut rétablir son honneur, mais opère aussi dans l’ombre pour rendre sa fille riche et heureuse) porte sans conteste la marque de la personnalité de Erich von Stroheim qui participa à l’écriture du scénario. On a oublié de préciser que Lionel Barrymore, pour rester incognito après son évasion, a la curieuse idée de se déguiser en grand-mère (on se demande encore pourquoi), ce qui offre à l’acteur l’un des plus ahurissant numéro de travestissement de l’histoire de cinéma.

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