Vous êtes ici : Révélation majeure de cette édition cannoise parmi les premiers longs métrages, Mustang est réalisé par une jeune cinéaste turque qui a étudié le cinéma en France. Le film raconte l’histoire de cinq sœurs, adolescentes à la découverte de la vie et de l’amour dans un petit village de Turquie, progressivement séquestrées par leur famille conservatrice qui cherche à brimer leur désir de liberté. Mustang se transforme alors en fiction de l’enfermement mais surtout en récit d’évasion. La noirceur du propos est tempérée par une atmosphère solaire et une sensualité débordante, à l’image de la beauté des cinq jeunes filles. La cinéaste aborde l’épineux problème de la condition féminine opprimée par une culture machiste séculaire en Turquie mais le film possède une dimension universelle. L’esprit de rébellion souffle sur un film qui dénonce un état de fait sociétal, mais aussi le carcan étouffant de la famille et la violence prédatrice de figures du patriarcat contre des jeunes filles à la lisière du monde des adultes. Avec un sujet sombre et douloureux, Mustang est un film visité par la mort, mais qui dégage une énergie incroyable, avec une mise en scène qui privilégie le mouvement pour mieux signifier le désir de fuite des jeunes prisonnières de cette maison prison. Il est rare de voir un premier long métrage aussi maîtrisé dont l’équipe est essentiellement constituée de talentueux débutants. Difficile de ne pas penser à Virgin Suicides de Sofia Coppola – lui aussi présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en son temps – avec lequel Mustang partage la douceur morbide et le désespoir lumineux d’un « teen movie » à l’écriture fondamentalement féminine.
Mustang
Sortie le 17 juin dans les salles françaises, distribué par Ad Vitam.
Deniz Gamze Ergüven entourée de ses jeunes actrices
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