ARTE diffuse jeudi 19 mars à 22h43 Mousson rouge (Monsoon Shootout, 2013) de Amit Kumar, demeuré inédit en salles malgré sa présentation au Festival de Cannes en séance de minuit, et coproduit par ARTE France. Rien à voir, malgré son titre français, avec le génial roman noir de Dashiell Hammett « La Moisson rouge ». Mais le film a sa place – singulière – dans la programmation du « printemps du polar » d’ARTE. Un bon film indien c’est suffisamment rare et précieux pour être signalé, raison de plus s’il s’agit d’un bon film de genre indien, catégorie pas vraiment répertoriée sur la carte du cinéma international. Et c’est un premier long métrage ! On connaît et on apprécie – ou pas – la production Bollywood et ses films fleuves ponctués de morceaux musicaux qui mêlent sans complexe mélodrame, imitation des blockbusters américains, érotisme, humour et à peu près tout ce qu’il est possible de mettre dans 180 minutes de film. Cette énorme industrie cinématographique régale les millions de spectateurs indiens, mais aussi une grande partie de l’Asie, du Moyen-Orient et de l’Afrique, et a même réussi à séduire – en flattant le goût contemporain de l’exotisme, de la dérision, du kitsch – une partie non négligeable du public occidental.
Mousson rouge marque une rupture avec ce que l’on sait ou croit savoir du cinéma indien. Ce n’est ni un film d’auteur à prétention artistique, ni une pantalonnade bourrée d’effets ridicules : juste un polar réaliste, bien joué et mis en scène, avec des scènes d’action trépidantes, un méchant qui fout les jetons (il a une prédilection pour les meurtres à la hache), du suspense et un « twist » un peu naïf mais pas honteux.
Amit Kumar ne cache pas sa dette envers Johnnie To : le style, les personnages et l’atmosphère de Mousson rouge rappellent les récents polars du maître hongkongais. Kunar avoue avoir puisé l’idée de son film dans un court métrage de Robert Enrico, La Rivière du hibou (1962) d’après une nouvelle d’Ambrose Bierce, classique des ciné-clubs qui avait bénéficié d’un fort retentissement international. Mais on ne veut pas gâcher le plaisir de la surprise.
On a l’impression devant Mousson rouge de découvrir une sorte de prototype. On espère que sa réussite va encourager Amit Kumar et d’autres jeunes réalisateurs indiens à poursuivre dans cette voie.
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