ARTE diffuse Le Cid (El Cid, 1961) de Anthony Mann le 28 décembre à 20h50 dans le cadre de sa programmation spéciale pour les fêtes de Noël. Le film de Anthony Mann est plus proche de la réalité historique – en respectant aussi la part de légende – que des pièces de théâtre de Guillèn de Castro et de Corneille, en racontant la vie romancée de Rodrigo Diaz de Bivar, à la manière des chansons de geste qu’inspirèrent les exploits et le destin exceptionnel du « Cid », conquérant de Valence aux mains des Almoravides menés par Youssef Ibn Tachfin, grand guerrier mais aussi figure de tolérance et de réunification pour le peuple espagnol.
Le Cid est un projet qui tenait beaucoup à cœur à Anthony Mann qui après plusieurs classiques du western souhaitait consacrer un film à l’esprit de chevalerie que symbolise Rodrigue. Mann réalise une épopée aux proportions gigantesques mais qui n’oublie pas de placer au centre de son récit les dilemmes moraux et le sens de l’honneur de son héros, témoin de luttes intestines, de complots et de trahisons qui évoquent davantage Shakespeare que Corneille. La représentation de la violence et ses conséquences fut toujours une question centrale pour Anthony Mann, qui préfère ne pas montrer la mort du Comte Gormaz, père de Chimène, tué dans un coin sombre du décor lors duel qui l’oppose à Rodrigue. Loin de livrer un spectacle grandiose mais impersonnel Mann signe chaque scène du Cid, notamment au niveau de la composition plastique des plans et du cadre, que ce soit dans les intérieurs, les séquences impressionnantes de batailles ou les paysages naturels.
Habitué des personnages mythiques, Charlton Heston trouve une fois de plus un rôle et un film à la hauteur de son charisme et de son imposante stature, capable d’exprimer la force mais aussi la sensibilité et la complexité du Cid.

Sophia Loren et Charlton Heston dans Le Cid
Difficile d’envisager un cycle sur les classiques du cinéma à grand spectacle sans y inclure une production Samuel Bronston. D’origine russe, neveu de Léon Trotsky, Samuel Bronston devint à Hollywood un producteur indépendant spécialisé dans les fresques épiques : films d’aventures historiques, bibliques, péplums… Bronston s’était adjoint les services de collaborateurs artistiques de grand talent devant et derrière la caméra avec lesquels il travailla régulièrement: le compositeur Miklós Rózsa, le scénariste Philip Yordan, les réalisateurs Nicholas Ray et Anthony Mann, l’acteur Charlton Heston… Bronston délocalisa les tournages de presque toutes ses superproductions en Espagne, où il fit construire des studios, afin d’en limiter les coûts. Malgré la popularité de ses films la gloire de Bronston fut de courte durée. Après Le Roi des rois sur la vie du Christ (1961), Le Cid, Les 55 Jours de Pékin sur la révolte des Boxers (1963), son péplum La Chute de l’empire romain réalisé par Anthony Mann fut un désastre commercial qui entraîna la faillite de sa société et mis fin à ses activités juste après un dernier film Le Plus Grand Cirque du monde de Henry Hathaway avec John Wayne. Poursuivi pour parjure par le gouvernement des Etats-Unis auquel il avait menti sur l’existence d’un compte privé dans une banque Suisse, Bronston ne parvint pas à se relever de sa ruine ni de ses ennuis judiciaires.
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