Ce soir à 22h30 sur Arte, dans le cadre d’une THEMA sur les insectes, on pourra voir un classique de la science-fiction américaine, Des monstres attaquent la ville (Them!, 1954) de Gordon Douglas.
Une fillette erre dans le désert du Nouveau Mexique, en état de choc, sa robe déchirée et sa poupée brisée dans les bras. C’est le saisissant début des Monstres attaquent la ville. Les deux policiers en patrouille qui la recueillent découvrent la caravane éventrée de ses parents, et des traces de sang. Plus tard, une cabane isolée présente aussi les traces d’un assaut violent, avec la découverte du cadavre de son propriétaire. Ce prologue violent et angoissant semble tiré d’un western, avec la menace invisible des raids indiens, mais le danger est ici d’une toute autre nature. Plus tard dans le film, la petite fille sort enfin de son aphasie et le premier mot qu’elle prononce en hurlant est « them ! » (« eux ! »), soit le titre original (apparaissant en couleur dans certaines copies alors que le long métrage de Gordon Douglas est en noir et blanc.) Comme plusieurs films américains des années 50, en pleine guerre froide, Des monstres attaquent la ville met en garde contre les méfaits de la bombe atomique, et la menace qu’elle fait peser sur la population du pays, tout en glorifiant la force de frappe et l’armement des Etats-Unis. Une menace externe (le péril rouge) mais aussi interne (méfiance envers les politiciens, science sans conscience…) Le film raconte que les premiers essais nucléaires furent effectués en 1945 dans les « White Sands » du Nouveau-Mexique et neuf ans plus tard on constate d’inquiétantes mutations sur les fourmis, qui mesurent désormais plus de deux mètres et menacent d’atteindre la ville grâce à des tunnels sous terrains. Gordon Douglas, qui a débuté sa carrière en réalisant de nombreux courts métrages comiques puis des films avec Laurel et Hardy, s’est ensuite spécialisé dans l’action : westerns, polars, aventures… presque cent films jusqu’à la fin des années 70. Des monstres attaquent la villeest sa seule véritable incursion dans la science-fiction mais elle demeure un modèle du genre. Douglas prend son histoire au sérieux et la traite avec un réalisme presque documentaire. Les effets spéciaux sont plutôt réussis et permettent de ne pas trop sourire à chaque apparition des insectes géants, et même de frémir.
Des monstres attaquent la ville est si réussi que James Cameron s’en inspirera beaucoup pour Aliens, le retour qui ressemble à une transposition dans l’espace du film de Gordon Douglas, avec certaines scènes (la destruction du nids et des œufs de fourmis au lance-flamme) et un personnage (la petite fille traumatisée) identiques.
Laisser un commentaire