Olivier Père

Le facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett

Le facteur sonne toujours deux fois (1946)

Le facteur sonne toujours deux fois (1946)

Produit par la MGM, société dont le nom est plutôt associé aux mélodrames sirupeux et mis en scène par Tay Garnett, cinéaste assez désinvolte porté sur la truculence et le sentimentalisme, Le facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice, 1946) est pourtant devenu un classique instantané du film noir. Cette histoire d’amants maudits auxquels le meurtre du mari portera la poisse, adapté d’un roman de James M. Cain, avait été préalablement filmée en France par Pierre Chenal (Le Dernier Tournant, 1939) et en Italie par Luchino Visconti (Ossessione, 1943). La médiocre version de Bob Rafelson en 1981 ne possède qu’un intérêt érotique limité. De retour sur sa terre natale, le récit original ne perd pas de sa noirceur. Un employé de snack-bar tombe amoureux de la femme de son patron. Sous l’emprise de celle-ci, et avec sa complicité, il assassine le mari et maquille son crime en accident. Les amants se marient, mais la justice les rattrapera, sous la forme d’un cruel tour du destin. Garnett avait signé en 1932 un chef-d’œuvre du mélodrame d’amour fou chéri par les surréalistes, Voyage sans retour (One Way Passage), et l’on retrouve dans Le facteur sonne toujours deux fois, au-delà de l’atmosphère sordide, la description d’une passion véritable et tragique qui unit un homme et une femme. Si le film accuse aujourd’hui le poids des années et que son lyrisme paraît un peu démodé, le couple formé par John Garfield et Lana Turner lui a assuré une réputation mythique qui ne s’est jamais démentie. Actrice au talent très limité, Lana Turner compose une femme amoureuse et vénale, aux aspirations bourgeoises, qui porte le sexe non pas sur sa figure mais sur sa garde-robe, très suggestive : entièrement vêtue de blanc du début à la fin du film – sauf aux funérailles de son mari – elle trouble le viril Garfield avec son mini short immaculé et ses chemisiers moulants. Le fétichisme vestimentaire hollywoodien à son apogée.

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