Tsahal, l’armée israélienne à l’épreuve
91 min
Disponible à partir du 23/09/2025
À la télévision le mardi 30 septembre à 21:00
Le 7 octobre 2023, le Hamas inflige à Israël sa plus grande défaite depuis 1948. Donnant la parole à des soldats et à des commandants de son armée hier réputée invincible, ce documentaire raconte l’histoire de Tsahal et d’une fuite en avant militaire qui expose aujourd’hui le pays à des accusations de génocide.
Le mythe de l'invincibilité de Tsahal s'est effrité le 7 octobre 2023. Créée par Ben Gourion en 1948, cette armée, qui se revendique "morale" au lendemain de l’Holocauste au titre du "plus jamais ça", s’appuie sur un service militaire obligatoire pour les hommes et les femmes, afin de mobiliser si nécessaire ses réservistes. Mais après les victoires spectaculaires sur ses voisins arabes lors des guerres des Six Jours (1967) et du Kippour (1973), Tsahal s’installe bientôt en force d'occupation dans les territoires conquis, puis au Liban après l’invasion du pays en 1982. Alors que certains soldats s’interrogent sur la légitimité de cette offensive, les massacres dans les quartier et camp de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, perpétrés par les milices chrétiennes phalangistes sous le regard complice de l’armée israélienne, sont vécus comme un choc. En guerre quasi permanente pendant des décennies, l’État hébreu se convainc que sa sécurité dépend de la seule puissance de son armée, dont la supériorité technologique bénéficie du soutien des États-Unis. Mais les intifadas successives mettent à mal la doctrine sécuritaire d’une force de plus en plus déployée pour défendre des colons qui s’installent illégalement dans les territoires occupés. Après que l’échec des accords d’Oslo (1993) a ruiné les espoirs de paix, le retrait de Gaza initié en 2005 par Ariel Sharon incite les ultrareligieux, qui y sont opposés, à infiltrer Tsahal pour peser sur ses orientations. Aujourd’hui pourtant, des soldats israéliens, de plus en plus nombreux, dénoncent les exactions commises sur les civils gazaouis au nom de la lutte contre le Hamas. "Ce n’est pas un conflit entre la Palestine et Israël, mais entre ceux qui veulent la paix et ceux qui n’en veulent pas", regrette un infirmier militaire. Qu’est devenue l’"armée du peuple" dans les guerres sans fin de Benyamin Netanyahou, qui conduisent des généraux à être cités devant les instances internationales pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide ?
Course folle
À l’heure d’un profond malaise dans ses rangs, ce documentaire, riche d’archives éloquentes, donne la parole à l’armée israélienne d’ordinaire muette pour dévoiler ses coulisses. Se revendiquant résiliente à l’origine, Tsahal s’est hissée en un demi-siècle à l’avant-garde de la technologie, avec un système de défense ultrasophistiqué, tout en devenant une force d’occupation aux méthodes de plus en plus contestées. Sortant de l'ombre, des commandants et des soldats racontent ici son histoire, qui est aussi la leur : celle d’une armée, reflet de la société israélienne, dont certains membres ultrareligieux s’estiment aujourd’hui engagés dans une guerre sainte. À l’image de ce soldat de 24 ans : "À Gaza, je ne combats pas des humains, je combats le mal." Alors que l’Afrique du Sud a déposé plainte contre Israël auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), la violence reproductive, attestée par le bombardement de cliniques de fertilité, pourrait accréditer l’intention génocidaire. Mais cette investigation remarquable au cœur d'une armée unique et des tensions qui la traversent montre aussi la lucidité effarée de certains cadres face à cette dérive. Ancien chef d’état-major adjoint, Yaïr Golan accuse Netanyahou de poursuivre la guerre à seule fin de maintenir sa coalition d’extrême droite, qui veut le retour des colons à Gaza, quand le politologue Uri Bar-Joseph conclut : "Il est impossible d’assurer la sécurité de notre pays sur la seule force militaire."
Réalisation
Damien Fleurette
Pays
France
Année
2025