Burning Days

Emre Gündüz, jeune procureur débutant, vient de prendre son poste à Yaniklar, une petite ville perdue dans une plaine d’Anatolie. Afin d’approvisionner les habitants en eau, le maire de la commune encourage une surexploitation des nappes phréatiques qui entraîne la formation d’impressionnants gouffres dans le sol. Apprenant que son prédécesseur a démissionné après avoir tenté de dénoncer cette politique, Emre tente de faire respecter sa fonction. Pas dupe des notables locaux qui se démènent pour le séduire, il cherche des appuis fiables dans cette contrée éloignée de tout. Mais peu à peu, le piège se referme… 

Au bord du gouffre
Après Les sœurs (2012) et Derrière la colline (2019), le réalisateur turc Emin Alper met une nouvelle fois en scène sa région d’origine, l’Anatolie centrale, pour aborder un problème brûlant : la pénurie d’eau et la dangereuse érosion des sols qu’elle engendre lorsqu’on y répond sans souci des conséquences écologiques. Ce sujet très concret constitue le point de départ d’une fable aux allures de western, qui voit un représentant de la justice tenter de s’imposer dans une ville en proie à la corruption. Burning Days s’ouvre ainsi sur l’image d’un gouffre vertigineux, métaphore éloquente à laquelle la suite du récit va faire écho. Malgré toute sa rigueur et ses bonnes intentions, le jeune Emre s’enferre dans une situation inextricable fomentée par les représentants de l’ordre local, inénarrable duo formé par un avocat et un dentiste aussi obséquieux qu’inquiétants. Le duel baigne dans une atmosphère moite, où le suspense naît de l’incertitude et des faux-semblants. Car si la cible du film est évidente (le populisme qui exploite l’ignorance et l’appétit de violence de la population), il tire sa force de l’ambiguïté de tous les personnages, y compris les "bons"…