SourcesLes dossiers de Prigojine

C'est en 2014, au Donbass, que le groupe de mercenaires Wagner a commencé à faire parler de lui, mais l’oligarque russe Evgueni Prigojine a attendu près de neuf ans pour reconnaître publiquement, en septembre 2022, qu'il en est le chef et le fondateur. De l'Ukraine à la République centrafricaine, de la Syrie au Mali, cette entité visible dans tous les conflits impliquant des intérêts extérieurs russes, accusée à plusieurs reprises d'actes de barbarie et de crimes de guerre, a réussi à conserver à ce jour la plupart de ses secrets, y compris la nature de ses liens avec le régime du président Poutine. Le milliardaire est aussi le principal instigateur, depuis la Russie, de campagnes de hacking et de désinformation à l'encontre des États-Unis et de l'Europe. Grâce à quelque 2 500 documents piratés sur les serveurs informatiques de son groupe, cette enquête, qui inaugure le magazine d'investigation numérique Sources, expose pour la première fois les rouages du système Prigojine. Fiches de paie et identité des mercenaires, mais aussi de "trolls" recrutés au Mexique ; multiples rendez-vous au Kremlin de Prigojine, consignés sur son agenda ; liste d'armes fournies au groupe Wagner par le ministère russe de la Défense… : recoupés et corroborés selon l'éthique et les méthodes de l'"Open source intelligence" (ou Osint), le décryptage de ces milliers de documents révèle de l'intérieur le fonctionnement occulte du groupe paramilitaire, et montre qu'il constitue un élément clé dans les guerres, virtuelles et physiques, impliquant le Kremlin. L'enquête révèle aussi qu'un service de sécurité, le SB, a été créé par l'oligarque pour repérer et punir ceux qui voudraient faire défection.