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Les Canaries, des îles sous perfusion
53 min
Disponible jusqu'au 05/12/2024
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Au large de la Tunisie, à 2 000 kilomètres au sud de la péninsule Ibérique, les îles volcaniques des Canaries constituent l’une des régions les plus arides d’Europe. Avec une pluviométrie huit fois plus faible que sur le continent, y trouver de l’eau douce a toujours été une priorité pour ses habitants, qui ont su pallier son insuffisance par d’ingénieux systèmes de collecte traditionnelle. Mais après une grave période de sécheresse, en réponse à la pénurie qui menaçait son développement humain et économique, l’archipel espagnol a installé, dès les années 1960, les premières usines de dessalement au monde. Soixante ans plus tard, la région est devenue celle qui en compte le plus au mètre carré par habitant. Et si le remède miracle n’était qu’un mirage trompeur ?
Surtourisme et pollution
Chaque année, les 2 200 000 Canariens accueillent près de 15 millions de vacanciers. En plus d’un demi-siècle, les constructions d’infrastructures hôtelières, de piscines ou de golfs ont accompagné un tourisme de masse, dont le développement est maintenu sous perfusion de cette eau douce produite à grand renfort d’énergie carbonée. La profusion de la précieuse ressource a également encouragé l’essor d’une agriculture intensive, à l’instar de la monoculture de la banane, principalement destinée à l’exportation. Mais à cause de son goût de chlore, l’eau de mer dessalée est boudée comme eau de table, chacun préférant se désaltérer avec les eaux en bouteilles plastique, apportées par conteneurs entiers depuis le continent. À travers la situation contrastée de ces cinq îles (dont certaines dépendent déjà à 100% de l’eau dessalée, quand d'autres y basculent à peine), l’archipel constitue un laboratoire riche d’enseignements et d’expérimentations - énergies renouvelables, recyclage de l’eau… Alors que de plus en plus de territoires confrontés à la raréfaction de l’eau douce se tournent vers les usines de dessalement, cette enquête, menée sur l’archipel et nourrie de témoignages (scientifiques, agriculteurs, acteurs de la protection de la nature), éclaire les espoirs, les dérives et les conséquences de cette technologie. Car la consommation électrique des 330 usines de dessalement des Canaries nécessite l’acheminement d’un pétrolier de 120 000 tonnes chaque semaine… Quant aux rejets de saumure dans l’océan lors du processus de dessalement, ils ne sont pas non plus sans incidence sur l’altération des écosystèmes marins.
Réalisation
Yoann Perie
Pays
France
Année
2024