Belleville - Belle et rebelle

Des habitants du quartier de Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, se croisent dans un bistrot de la rue des Envierges, café musette où l'on peut encore écouter des chansons d'antan. Au comptoir de Joseph, témoin de l'histoire du quartier, les habitués viennent flâner ou donner de la voix : l'organiste Riton la Manivelle ; l'accordéoniste et chanteuse Minelle ; Robert Bober, écrivain et réalisateur ; Steven, peintre de fresques ; ainsi que Lucio Urtubia, maçon, basque et anarchiste, faussaire surveillé par la police et fondateur d'un petit centre culturel, rue des Cascades, dont Belleville a pleuré la mort en 2020.

Hors du temps
L'élégant noir et blanc des images souligne la dimension intemporelle de ce petit morceau de Paris, saisi à travers les récits de vie d'habitants singuliers. Pas d'idéalisation ici, mais la volonté de transmettre un esprit d'authenticité et de révolte qui, en dépit des mutations de la ville, n'a pas disparu. Au Vieux Belleville, tout un pan de la culture française se partage en chansons dans une bonne humeur fraternelle, de Fréhel à Cora Vaucaire. Le poète Eugène Pottier, auteur des paroles de L'Internationale, repose quelques rues plus bas, au cimetière du Père-Lachaise. Belleville, ancien faubourg artisanal et ouvrier, quartier d'accueil des migrations d'hier et d'aujourd'hui, vibre encore de l'esprit des révolutions.