Quelque chose qui vit et brûle

Ils étaient italien, bulgare, autrichien ou belge et voulaient vivre libres. Refusant de plier devant le fascisme ou le nazisme, ils ont été condamnés à mort entre 1939 et 1945 pour actes de résistance – sabotage, rédaction ou distribution de tracts, appartenance à un groupe armé. Hommes et femmes, ces jeunes gens originaires de tout le continent européen ont fait leurs adieux à leurs proches dans des missives rédigées depuis leur geôle, quelques heures parfois avant leur exécution. Parents, amis, êtres aimés, ils auraient tant voulu les étreindre une dernière fois, voir grandir leurs enfants et goûter à une paix qu'ils appelaient de leurs vœux... 

Monde suspendu 
Reprenant le dispositif qu’il avait utilisé pour The Stone River (2013), le documentariste italien Giovanni Donfrancesco (Le résolu) fait lire les testaments spirituels d’une poignée de jeunes résistants par des Européens d'aujourd'hui, filmés dans la banalité de leur quotidien et sur les lieux mêmes où ces condamnés vécurent ou passèrent. Par ce surgissement du passé dans le présent, le film recrée un monde suspendu entre les vivants et les morts. Nous entraînant dans un voyage mémoriel à travers les territoires et l’histoire douloureuse de l’Europe, les derniers mots, empreints d’humanité, de ces combattants d’hier, fauchés dans la fleur de l'âge, émergent de l’oubli tel un feu intérieur qui, par-delà l’espace et le temps, n’en finirait pas de brûler.