La práctica

Professeur de yoga, Gustavo, quinquagénaire argentin installé à Santiago du Chili, traverse une mauvaise passe. Laura, sa femme, avec laquelle il avait ouvert un studio, exige le divorce au terme d’une thérapie de couple et le chasse de leur appartement. L’une de ses élèves, assommée par la chute d’un paravent au cours d’un séisme, a perdu la mémoire, et lui-même, l’usage de son genou après une fissure du ménisque. En pleine crise existentielle, Gustavo "interroge sa pratique" en tentant de retrouver une piste pour tracer son avenir.

Le ciel peut attendre
Autour du maître en yoga bringuebalé par les aléas de l’existence, le cinéaste argentin Martín Rejtman orchestre, sur le mode discrètement burlesque, un chassé-croisé d’étranges personnages désœuvrés – Allemande éthérée en exil, thérapeute péremptoire, pharmacienne allumée, mère envahissante malgré la distance, jeune escroc expert dans l’art de l’incruste... –, lesquels se balancent sur la petite musique de l’incertitude chronique sans pour autant sombrer dans le drame. Traversés par des questions existentielles qui, comme le ciel, peuvent attendre, les uns et les autres se livrent à une drolatique valse-hésitation, quand ils ne vont pas se réfugier dans la ferme d’une austère gourou, dont les soirées s’achèvent invariablement par des chansons autour d’un feu de camp. Humour pince-sans-rire de situation et légère ironie sur la marchandisation de l’holistique, dialogues décalés et récit résolument singulier : avec l’acteur argentin Esteban Bigliardi, grand escogriffe au flegme irrésistible face à l’adversité, une comédie chorale tout en élégance, qui exhale un mystérieux parfum.