Fin d'automne

Depuis le décès de son père, Ayako, 24 ans, vit seule avec sa mère, Akiko. Anciens soupirants de cette dernière, trois vieux amis du défunt se mettent en tête de trouver un époux à la jeune femme. Face à la résistance de celle-ci, le trio, décontenancé, se persuade qu’il faut d’abord qu'Akiko se remarie afin qu’Ayako se sente libre de partir. Les manigances des trois compères sèment la discorde entre la mère et la fille, jusqu’à ce que la pétulante Yuriko, amie et collègue de travail d’Ayako, s’en mêle…

Velléités d’indépendance
Réunissant sa fidèle troupe d’interprètes, dont son actrice fétiche, Setsuko Hara, dans le rôle de la mère, Yasujirô Ozu ausculte une fois de plus la relation entre un parent et son enfant devenu adulte. Le réalisateur, qui vécut auprès de sa mère jusqu’à la fin de sa vie, brosse ici le tableau d’une jeunesse aux velléités d’indépendance de plus en plus affirmées, tiraillée entre la tentation d’un mode de vie occidental et les immuables traditions japonaises. C’est particulièrement vrai des deux jeunes filles, Ayako et Yuriko, qui gagnent leur vie, sortent avec des amis et portent des tailleurs ajustés. Ayako revendique sa liberté mais finira par se marier avec l'un des prétendants recrutés par les amis de son père, tandis que Yuriko, la plus rebelle des deux, manifeste le plus grand respect pour la mère de son amie. Cette dernière, bien que proche du modèle de l’épouse soumise en kimono, s'opposera, elle aussi, à un mariage qui ne lui convient pas. En miroir de ces trois beaux portraits de femmes, les personnages masculins d’âge mûr, dépassés par l’impétuosité des jeunes filles modernes, apportent un savoureux contrepoint humoristique, qui rappelle qu’Ozu réalisa nombre de comédies au temps du muet. Fidèle à son esthétique épurée, le cinéaste laisse affleurer la mélancolie sous les couleurs vives dans ce qui fut l’un de ses derniers films.