Olivier Père

La Règle du jeu de Jean Renoir

Les Grands Films Classiques rééditent demain en salles La Règle du jeu (1939) de Jean Renoir, en version restaurée. Jean Renoir tourna La Règle du jeu entre la conférence de Munich et le début de la guerre avec la volonté de rendre compte de l’état d’esprit de la bourgeoisie et de l’aristocratie. « Il m’a semblé qu’une façon d’interpréter cet état d’esprit du monde à ce moment était précisément de ne pas parler de la situation et raconter une histoire légère, et j’ai été chercher mon inspiration dans Beaumarchais, dans Marivaux, dans les auteurs classiques, dans la comédie. » Même s’il participe à un courant pessimiste en vogue dans le cinéma français de l’époque La Règle du jeu fut longtemps un film maudit, couvert d’insultes et mutilé. Par ses ruptures de ton, sa structure complexe et surtout l’hétérogénéité du jeu et de la distribution des comédiens (Marcel Dalio en aristocrate, il fallait oser), ce chef-d’œuvre à la fois grave et léger provoqua le rejet de la critique et du public. Il faudra attendre les années 50 pour que les cinéphiles élisent La Règle du jeu parmi les plus grands films de l’histoire du cinéma. Renoir utilise les ressorts du vaudeville pour dresser le portrait d’une société moribonde, filme la sarabande du désir qui anime ses personnages, représentants des différentes classes sociales réunis dans un château de Sologne. Les « petites catastrophes », trahisons et cocuages aboutiront à la mort d’un des protagonistes, étranger à cet univers pourrissant. Cet accident mondain presque dérisoire en préfigure un autre, à plus large échelle : l’écroulement de la société telle qu’elle existait avant la Seconde Guerre mondiale.

 

La restauration de La Règle du jeu de Jean Renoir, mutilé à sa sortie en 1939, et dont le négatif original a été détruit en 1942, fut reconstituée par Les Grands Films Classiques après plusieurs années de travaux avec l’approbation de Jean Renoir. Cette version intégrale (vingt-cinq minutes supplémentaires) effectuée à partir de différents éléments (contretype réduit à 1h20, copie d’exploitation, rushes) est sortie sur les écrans en 1965 et ne cesse d’être projetée depuis, permettant sa redécouverte par plusieurs générations de spectateurs.

 

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