Olivier Père

Pour lui d’Andreas Dresen

Pour lui est une expérience de cinéma aussi bouleversante qu’inoubliable, dans laquelle Andreas Dresen filme la mort au travail  – une agonie dans un cadre domestique, avec la vie qui continue – comme peu de cinéastes l’ont fait, par l’intermédiaire d’une fiction à l’hyperréalisme troublant. Pour nous en parler, voici un texte de Barbara Fuchs, chargée d’édition web à ARTE.

« Ce soir à 22h45, ARTE diffuse Pour lui (Halt auf freier Strecke, 2011) d’Andreas Dresen. Présenté au Festival de Cannes, le film a obtenu le prix Coup de cœur du jury dans la catégorie Un Certain Regard, avant de recevoir le Prix allemand du cinéma 2012 dans les catégories Meilleur film, Meilleur second rôle et Meilleure réalisation. À juste titre car Pour lui (« Arrêt en pleine voie », traduction littérale du titre original) raconte une histoire poignante, sans jamais verser dans le pathos.

Milan Peschel et Steffi Kühnert dans "Pour lui"

Milan Peschel et Steffi Kühnert dans Pour lui

Tout commence à l’hôpital : Frank Lange (Milan Peschel, impressionnant) et sa femme Simone (Steffi Kühnert) apprennent que Frank a une tumeur au cerveau et qu’elle n’est pas opérable. Il n’a plus que quelques mois à vivre. La suite, c’est le lent déclin d’un homme atteint d’un cancer. Au début, Frank doit faire face à des problèmes de concentration, il n’arrive plus à monter le lit en hauteur de son fils. Viennent ensuite les problèmes d’orientation, et il commence à confondre la chambre de sa fille avec les toilettes.

Frank et Simone venaient tout juste d’acheter la maison de leurs rêves, dans la banlieue de Berlin. La mère de Frank, venue leur rendre visite, laisse entendre que les escaliers, trop raides, ne sont pas adaptés aux personnes de son âge. À 44 ans, Frank n’arrive bientôt plus à monter les marches. Son état empirant, il n’est plus lui-même et s’en prend de plus en plus à sa femme. Simone, qui souffre de la cruauté de son mari, avoue à sa mère qu’elle n’attend qu’une chose : qu’il s’endorme bientôt pour toujours.

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Andreas Dresen a réalisé ce film sans scénario et a confié certains rôles, notamment celui du médecin, à des personnes réelles. C’est peut-être ce qui explique le réalisme saisissant de Pour lui. On ressent littéralement l’impuissance de Frank et sa peur de la mort. Le réalisateur fait aussi des choix dramaturgiques audacieux, comme dans la séquence où il matérialise le cancer de Frank, alors en pleine hallucination, en faisant de la tumeur un invité d’un talk-show d’Harald Schmitt. Autre idée émouvante : Frank tient une sorte de journal vidéo qui lui permet d’observer son entourage. Mais le réalisateur sait aussi faire sourire le spectateur, notamment quand le fils de Frank, huit ans, demande à son père mourant s’il pourra avoir son iPhone après sa mort. » (Barbara Fuchs)

Pour lui

Pour lui

 

 

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