Olivier Père

A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid

 ARTE diffuse lundi 13 décembre à 20h45 A peine j’ouvre les yeux (2015) de Leyla Bouzid. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 19 décembre.

Premier long métrage de Leyla Bouzid, A peine j’ouvre les yeux dessine le portrait d’une tunisienne de 18 ans qui chante dans un groupe de rock branché. Sa famille issue de la bourgeoisie ainsi que la frange la plus conservatrice de la ville voient d’un mauvais œil sa passion pour la musique. Le film propose le récit d’initiation et d’éveil, mais aussi la perte des illusions d’une jeune femme qui coïncide ou presque avec les mouvements du cœur et de l’esprit de tout un peuple, puisque l’action se déroule quelques mois avant « la révolution de la dignité » en décembre 2010. Dans ce contexte précis, Leyla Bouzid place la rébellion de l’héroïne de son film à l’avant-poste d’un malaise plus général, celui d’une génération divisée entre tradition et modernité, héritage religieux et culturel, répression des élans de la jeunesse e goût de la fête. Leyla Bouzid s’inspire de sa propre expérience et trouve en Baya Medhaffar, révélation du film, un magnifique alter ego cinématographique. Dès son premier long métrage, la mise en scène de Leyla Bouzid témoigne d’une formidable virtuosité et d’une grande justesse dans la direction d’acteurs. Elle filme le personnage de Farha au plus près de ses émotions et de ses désirs, embarque les spectateurs dans un véritable tourbillon sensuel et musical. Les scènes de concert sont électrisantes. Leyla Bouzid a réitéré la réussite de A peine j’ouvre les yeux avec son second long métrage Une histoire d’amour et de désir, sorti cette année après sa présentation à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes. Avec de nouveaux jeunes interprètes, toujours aussi bien choisis et dirigés, elle prolonge une sorte de roman autobiographique en filmant la rencontre entre une étudiante tunisienne arrivée à Paris et un banlieusard d’origine algérienne. Cette fois-ci la poésie érotique arabe du XVème siècle a remplacé la musique rock, mais il est encore question d’apprentissage de la liberté et d’acceptation de soi au-delà des tabous identitaires.

 

 

 

 

 

 

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