L’Histoire d’Adèle H. de François Truffaut

Dans le cadre de son cycle François Truffaut, ARTE diffuse pour la première fois en version restaurée L’Histoire d’Adèle H., réalisé en 1975, mercredi 25 novembre à 20h55. Adèle, la fille de Victor Hugo, débarque sous un faux nom à Halifax, en Nouvelle Ecosse, tandis que la Guerre de Sécession fait rage. Elle y poursuit un officier britannique, le lieutenant Pinson, qu’elle a rencontré à Guernesey quand elle vivait avec sa famille et dont elle est profondément éprise. Mais ce dernier demeure insensible aux souffrances de la jeune femme, prisonnière de l’illusion délirante d’être aimée. Cinéaste de la passion amoureuse, François Truffaut s’aventure, dans ce film à part dans sa carrière, sur les territoires dangereux de la folie et du romantisme destructeur. François Truffaut et ses scénaristes Jean Gruault et Suzanne Schiffman ont écrit un film de fiction en restant les plus fidèles possible à la véritable histoire d’Adèle H., telle qu’elle est relatée dans son journal. Il s’agit d’un cas pathologique, traité sur un mode romanesque, avec la fièvre et l’obsession qui caractérisaient Truffaut lorsqu’il s’aventurait sur le terrain dangereux de l’amour, toujours à sens unique. Le réalisateur relève le défi d’un film centré sur un seul personnage, animé par une idée fixe : un amour tragique et malheureux. Il n’y a pas de contre-champ dans L’Histoire d’Adèle H. Avec son génial directeur de la photographie Nestor Almendros, Truffaut imagine le film comme un gros plan unique sur le visage de son héroïne. Il est impossible de dissocier L’Histoire d’Adèle H. de la grâce étonnante de son interprète, Isabelle Adjani, alors âgée de 19 ans. Le spectateur, comme Truffaut, est happé par sa fascination pour la jeune actrice, qui vampirise littéralement ce film admirable. Pour Isabelle Adjani, L’Histoire d’Adèle H. ressemble à une prémonition du large pan sombre et hanté de sa filmographie à venir, de Possession à Camille Claudel en passant par Nosferatu, fantôme de la nuit.