Pour accompagner la soirée consacrée à Jean-Louis Trintignant lundi 23 septembre sur ARTE, nous nous proposons de revoir également La Femme du dimanche (La donna della domenica, 1975) de Luigi Comencini, disponible gratuitement sur ARTE.tv à partir du vendredi 20 septembre, et jusqu’au 17 mars 2020.
La Femme du dimanche appartient à la féconde carrière italienne de Trintignant, qui a participé à de nombreux films de l’autre côté des Alpes à partir des années 60, au bénéfice des fréquentes coproductions entre les deux pays. Trintignant est ainsi devenu, en même temps que Alain Delon ou Jacques Perrin, un interprète privilégié du grand cinéma d’auteur italien, avec aussi des incursions dans les genres populaires de la comédie sexy (L’Amour à cheval de Pasquale Festa Campanile), du giallo (Si douces, si perverses de Umberto Lenzi) et même du western (Le Grand Silence de Sergio Corbucci). Citons les titres essentiels que sont Le Fanfaron de Dino Risi, Été violent de Valerio Zurlini, Le Conformiste de Bernardo Bertolucci ou La Terrasse de Ettore Scola parmi la riche filmographie transalpine de l’acteur français.
Dans La Femme du dimanche, Trintignant ne tient pas le rôle principal, mais sa composition de bourgeois homosexuel est particulièrement savoureuse.
Luigi Comencini, cinéaste engagé connu pour ses comédies satiriques et ses mélodrames sur l’enfance, élargit sa palette avec cet excellent polar teinté de critique sociale. Comencini n’abandonne pas ses préoccupations politiques et morales dans ce divertissement policier tiré d’un excellent roman de Carlo Fruttero et Franco Lucenttini adapté par Age et Scarpelli. Marcello Mastroianni est un commissaire de police romain en fonction à Turin, qui enquête sur le meurtre d’un architecte libidineux assassiné à coups de phallus en pierre sur la tête. Ses investigations l’amènent à interroger plusieurs membres de la bourgeoisie turinoise, en particulier un homosexuel oisif (Jean-Louis Trintignant) et une femme d’industriel (Jacqueline Bisset), qui meurent tellement d’ennui qu’ils s’amusent à collaborer avec le policier, tout en faisant partie des suspects. L’intrigue est un pur prétexte pour épingler l’hypocrisie, la corruption ou la lâcheté de la haute société, et s’amuser des contrastes pittoresques entre l’Italie du Nord et du Sud, les maîtres et des valets, les bourgeois et les prolétaires (et aussi entre les différentes orientations sexuelles.) Le rythme nonchalant du film, qui bénéficie d’une belle et langoureuse musique d’Ennio Morricone, contraste absolument avec les habituels polars frénétiques et violents produits en Italie à la même période.
Laisser un commentaire